dimanche 9 août 2015

Vingt deuxième jour - Fromage et glaces

La journée des commence par un petit déjeuner Vermontais. Il y a du bacon, des œufs, et surtout des pancakes et du sirop d'érable. Un collègue de Spence fabrique du sirop, et Spence lui échange du bois (la préparation du sirop demande beaucoup de cuisson, donc beaucoup de bois) contre du sirop. Cela n'a évidemment pas grand chose à voir avec le sirop de maïs aromatisé à l'érable qu'on trouve un peu partout.


Ayant absorbé suffisamment de calories pour passer la journée à abattre des érables et à tuer des caribous à main nue, les C embarquent en voiture pour Smuggler's Notch, la trouée des contrebandiers, ainsi appelée car c'est là que se faisaient les échanges avec le Canada pendant la guerre de 1812 (cette parenthèse culturelle vous était offerte par le guide Michelin de papa C). C'est une route de montagne pour américains : quelques lacets, des passages sur une seule voie (mais où l'on se croise facilement quand même), et de gros cailloux au bord, mais le paysage est assez joli et rappelle un peu à papa C la forêt de Saou (papa C est un bon français : à chaque fois qu'on lui montre quelque chose, il lui cherche un équivalent hexagonal).


De l'autre côté de Smuggler's Notch se trouve Stowe, la station de ski lancée par la famille Von Trapp de la Mélodie du Bonheur. Les C y font les boutiques avant de déjeuner, puis continuent vers Cabot, où se trouve le magasin du principal fromager du Vermont. Papa C y achète un cheddar de trois livres (qu'il transportera précieusement jusqu'à Nemours), et trois bouteille de vin du Vermont (un blanc sec, un blanc demi-sec, et un rouge, un Marquette, cépage hybride conçu pour résister au froid).


Quelques kilomètres plus loin, on arrive à ce qui constitue un des hauts lieux industriels de la région : la Ben and Jerry Factory. Il s'agit de la première usine du fameux glacier (Ben et Jerry sont originaire de Burlington, à quelques dizaines de kilomètres de là). Les C prennent congé de Debbie et Spence, qui repartent chez eux, et vont visiter l'usine. On y voit à peu près toutes les étapes du processus, mais surtout, la visite s'achève par une dégustation. Les petites C sont ravies. Derrière l'usine, se trouve le cimetière des parfums, où l'entreprise rend hommage aux glaces qu'elle a produites puis abandonnées.


Les C repartent alors vers Burlington, où ils doivent dormir ce soir. Comme ils y arrivent assez tôt, ils font un petit tour sur les iles du lac Champlain, qui s'avère moins spectaculaire mais surtout beaucoup plus long que prévu, et ils arrivent finalement assez tard à leur hôtel, dînent dans un pub voisin (où papa C s'initie à la bière locale, il y a ici tellement de micro brasseries que les marques nationales peinent à exister), et vont se coucher.

Vingt et unième jour - les C à la frontière

Les C abandonnent ce matin les White Mountains et le New Hampshire, et mettent le cap au Nord vers la petite ville de Derby, dans le Vermont, à la frontière canadienne. Ils y ont rendez-vous avec Spence et Debbie, des amis de papa C. La veille, papa C a révisé sur Google maps les instructions données par Spence : sortir de l'interstate à la sortie 27, "prendre une gauche" tout de suite, puis au bout de la route une droite, puis trois miles de route en terre, puis encore à gauche, et deux miles de route non pavée, jusqu'au sommet de la colline, et la seule entrée de maison asphaltée du coin.


Tout se passe comme prévu (maman C serre un peu les dents sur la route en terre...), et ils arrivent comme prévu chez Spence vers onze heure et demie. C'est une petite maison préfabriquée en bois d'un étage, posée sur une dalle de ciment comme on le fait ici et installée dans une clairière aménagée au milieu de la forêt d'érable. Spence et Debbie leur expliquent qu'on y voit des ours et des caribous, de temps à autre. Après un excellent déjeuner, leurs amis les emmènent dans la ville voisine, voir un General Store où l'on vend un peu de tout (de la nourriture, des graines et des plantes, des médicaments, des chaînes, des outils, des armes, des munitions...), mais que son propriétaire, chasseur, a décoré de trophées. On y fait ses courses entre caribous et ours empaillés, têtes de sangliers et de cerfs, avec parfois quelques photos de la prise, voire du dépeçage de l'animal.


Puis, ils se rendent au Bread and Puppet Theater, spectacle qui se tient tous les week-end en été.


Cela se passe, dans une cuvette de pelouse qui n'est pas sans rappeler Woodstock en plus petit, au fond duquel sont installés deux bus scolaires abandonnés, et repeints de fleurs roses et violettes. Le lieu est tenu par d'authentiques hippies, les plus âgés manifestement rescapés des années 60, et le public qui s'installe sur la pelouse, dans un joyeux désordre, est un gentil mélange de locaux venus en voisins, de baba cools du cru, de québécois en goguette, de touristes (le spectacle est connu du guide Michelin de papa C). Spence explique à papa C qu'il y a une dizaine d'années, ils organisaient ici en Août un festival qui durait plusieurs jours, et qui pouvait attirer une dizaine de milliers de personnes (à tel point qu'ils ont fini par avoir des soucis avec les riverains).


Le spectacle est une série de tableaux, rythmés par une fanfare, faisant intervenir une cinquantaine de figurants de tous âges, avec des costumes, des échasses, des marionnettes, une sorte de cirque en plein air. Les thèmes sont à gauche gauche (même pour un européen), on y voit de méchants capitalistes écraser les ouvriers revendiquant leurs droits (en criant "laissons les congés maladie aux européens!"), puis les arbres et les animaux, puis les minorités ethniques, et ainsi de suite. C'est très drôle, très enlevé, parfaitement inattendu, et les petites C sont ravies.


Le spectacle terminé, le public peut partager avec les comédiens du pain fait maison (les derniers hippies, comme je disais...), mais nos amis rentrent chez Debbie et Spence. Les petites C profitent de la piscine, sous le regard inquiet maman C, vu la température de l'eau, pendant que papa C goûte un vin rouge du Vermont qui rappelle un peu un Cahors (en légèrement plus sucré). Le dîner consiste en une viande au barbecue (le genre de steaks de cinq centimètres d'épaisseur qu'on trouve ici), et des légumes du jardin. Après, il est prévu de faire un feu dans le jardin et de griller des marshmallows, mais le temps du Vermont (il n'y a apparemment eu à Derby que deux jours de soleil depuis début Juillet) douche, littéralement, le projet. Les C grillent quelques guimauves sur les braises du barbecue, puis, les petites C regardent la mélodie du bonheur (dont les héros fuient le nazisme dans le Vermont, donc sont en quelque sorte des locaux...) pendant que papa C dodeline en digérant.

samedi 8 août 2015

Vingtième jour - les C à la montagne

Les White Mountains, comme toutes les Appalaches, s'étendent d'est en ouest (enfin, du nord-est au sud-ouest), et sont coupées par trois "trouées" ("notch" en anglais) qui vont du nord au sud (enfin, du nord-ouest au sud-est). D'ouest en est (enfin, du...), les trouées sont Franconia, Crawford et Pinkham (jambon rose???). Ce sont en fait des cols, où l'on trouve généralement une station de rangers, qui fait office de centre d'information, et d'où partent des sentiers de randonnée.


Les C ont dormi au nord-ouest des montagnes, et prennent ce matin par Bretton Woods (station de ski célèbre pour ses accords), puis rejoignent Crawford notch, où les parkings sont déjà assez pleins. Papa C interroge un ranger, qui leur conseille un petit parcours de deux heures, faisable en baskets par temps sec, et avec ce qu'il qualifie de "good pay-off". Nos amis partent donc sur un chemin de randonnée américain, c'est à dire aménagé, balisé, d'un bon mètre de large, avec des petites planches pour ne pas se mouiller les pieds dans les zones humides, des petites marches en bois là où cela monte, et tout plein d'autres touristes, américains mais aussi québécois (on n'est pas très loin de la belle province). Après une bonne heure de montée, ils arrivent sur une crête rocheuse qui domine de quelques centaines de mètres la vallée qui redescend du col. Good pay-off, comme ils disent.


Une fois redescendus, nos héros reprennent la route vers la vallée, et le déjeuner. Le guide de papa C indique deux restaurants. Le premier n'ouvre que le soir, et le second est introuvable. Mais un peu plus loin se trouve ce qui ressemble furieusement à un restaurant de station de ski, avec du bois au mur, des cheminées en pierre, et des skis anciens, des raquettes et d'autres objets de plaisir hivernaux en guise de décoration. Maman C y mange du saumon, plat local, et papa C une Shepherd pie, l'équivalent local d'un hachis Parmentier (il y a du maïs dedans...)


Une fois nourris, les C reprennent la route vers le col du jambon rose, visitent deux ou trois cascades sur le chemin (c'est un peu la spécialité locale), et arrivent... à un poste de rangers, où une dame suggère à papa C une promenade d'un peu plus de deux heures (deux miles deux aller, et autant retour), qui doit les emmener sur une colline où l'on a une belle vue sur le mont Washington et un bout de la chaîne présidentielle. Dans cette partie des White mountains, les montagnes ont les noms des premiers présidents américains (et de quelques autres personnalités connexes, Benjamin Franklin, notamment). Du sommet indiqué, on devrait voir Madison, Adams, Jefferson si on se penche un peu, et Washington. Par ailleurs, le chemin suit l'Appalachian Trail (le sentier de grande randonnée qui parcourt les Appalaches du Maine à la Géorgie, sur 3 500 kilomètres), ce qui permettra aux C de dire qu'ils y sont allés...


Les C sont donc repartis. Il y a nettement moins de monde que le matin, et la promenade se fait dans une assez belle forêt, puis croise la route automobile (payante) qui monte au sommet du Mont Washington. C'est apparemment le must pour tous les motards du coin. On entend donc la route à plusieurs kilomètres, et il faut faire attention quand on traverse, sous peine de se faire renverser par un papy en Harley qui roule avec un bandana à la place du casque (ici, pour une raison mystérieuse, il n'y a que des grosses motos, généralement pilotées par des personnes aux cheveux blancs, et le casque ne semble pas obligatoire).


La route traversée, on monte sur une petite crête... et, comme promis, les présidents apparaissent, et on aperçoit, au sommet de Washington l'éclat du soleil sur les Harley qui pétaradent.


La redescente est un peu longue, et les C sont bien heureux de retrouver le col, et la station de rangers, où des tas de randonneurs se reposent en attendant de reprendre leurs voitures (ou de repartir sur la piste). L'ambiance rappelle un peu celle des refuges: le look montagnard et sportif est vigoureusement conseillé, avec un petit côté new age (et quelques kilos) en plus .


Nos héros reprennent leur Nissan, redescendent dans la vallée, et rejoignent Littleton, où ils dînent dans le même grille que la veille.



vendredi 7 août 2015

Dix neuvième jour - les C sur la rivière

Longtemps avant de partir, les C s'étaient dit qu'il faudrait qu'ils fassent du canoë en Amérique. Le guide de papa C donnant une adresse dans le New Hampshire, voisine de North Conway, ils partent ce matin, et arrivent vers neuf heures devant la Saco River Canoe Rental, une maison de bois au bord de la route, dans le jardin de laquelle on aperçoit des dizaines de canoës et de kayaks, et des remorques pour les transporter. La responsable leur recommande de louer un canoë et un kayak (l'aînée des C est ravie!), et d'effectuer une descente de sept miles (une douzaine de kilomètres), qui devrait prendre un peu plus de trois heures.


L'embarquement se fait sous un pont. C'est manifestement un lieu apprécié des locaux, car plusieurs groupes s'y trouvent déjà. En les voyant, papa C comprend pourquoi on lui a recommandé deux bateaux pour quatre, alors qu'à son avis un seul aurait suffi. Non seulement les locaux sont d'un calibre un peu plus élevé que les C (et qui n'a pas grand chose à voir non plus avec les américains qu'on voit à New York: New York est une sorte de vitrine publicitaire, où l'Amérique est comme dans les séries...), mais surtout ils embarquent un matériel impressionnant : nourriture, vêtements, tentes, sièges barbecues (si, si...). A côté d'eux un brave garçon tente de mettre à l'eau ce qui semble être le bateau-fourgon de son groupe. Le pauvre canoë navigue à fleur d'eau, et semble très difficile à manœuvrer. Le reste de la fine équipe, à trois bons quintaux (dont deux américains) par bateau, n'avance pas beaucoup plus vite.


Les C embarquent, s'éloignent du pont, et commencent la descente. La Saco n'a pas grand chose à voir avec les rivières européennes. Elle est très large et coule lentement comme une rivière de plaine, mais le paysage est celui d'un torrent de montagne, avec des sapins sur les rives, des troncs tombés dans l'eau, des plages de cailloux. On sent que le paysage doit être assez différent, et nettement moins hospitalier en hiver (probablement de novembre à avril) et au printemps (sans doute en mai).


En dehors de l'embarquement et de quelques groupes de campeurs croisés sur les berges, la rivière est déserte, et la promenade très agréable. Les sept miles s'avèrent une excellente suggestion: vers la fin, les petites C, qui pagayent dans leur kayak, pendant que papa C promène maman C dans un grand canoë, ont mal aux bras. L'arrivée se fait au pont suivant, un pickup vient les chercher et les remonte, les C sont fatigués mais ravis.


Après déjeuner, les C prennent la Kalamangus highway, une route de montagne (à l'américaine, c'est à dire qu'elle ferait une honnête route nationale en France), qui traverse le sud des White Mountains (la partie la plus haute des Appalaches). Elle n'est pas très longue (une cinquantaine de kilomètres), mais on s'y arrête tous les cinq ou six miles pour y voir des cascades, des lacs, des gorges ou des falaises, toutes très bien aménagées et entretenues (les White Mountains sont un parc national, et les nombreux touristes semblent assez respectueux des lieux, les C verront très peu de papiers gras ou de déchets divers). Au bout de la route, ils atteignent Lincoln, petite ville au pied des montagnes, puis repartent vers le nord, à travers la Franconia notch, qui les mène à Littleton, à la frontière du Vermont, où ils doivent dormir cette nuit.


Ils arrivent assez tard dans un motel très bien tenu (si bien tenu qu'ils décident d'y rester le lendemain), et se mettent en quête d'un restaurant. L'affaire semble banale, mais à Littleton, tout semble fermer à vingt heures. Le diner "bikers welcome" que papa C avait repéré est manifestement fermé, comme le family restaurant un peu plus bas. Comme il y a quelques jours à Concord, nos héros errent à la recherche d'un restaurant, n'importe quoi, même un grec qui ferait pizzeria, et trouvent finalement, à côté de leur hôtel, un grille (toujours avec un "e"), installé dans l'ancienne gare de chemin de fer, et qui sert jusqu'à vingt et une heure. Echaudés par Boston, nos héros se préparent au pire, addition astronomique, nourriture décevante, voire les deux... et font l'un des meilleurs repas de leur voyage. Et comme ils resteront au motel, ils reviendront au "depot grille" (c'est le nom).


Repus, les C rentrent à leur hôtel. Aujourd'hui c'était canoë, demain, ce sera randonnée...

jeudi 6 août 2015

Dix huitième jour - Mer, montagne et shakers

"C'est bien gentil la plage, mais moi je voulais voir la côte, et puis, je n'ai même pas mangé de lobster rolls!"


En théorie, les C devaient quitter la mer ce matin, et remonter vers le New Hampshire et les montagnes, mais ce programme est contrarié par papa C qui, s'il ne conduit pas, tient la carte routière, est le seul à parler anglais, et a donc, à ce titre, une forte voix au chapitre.


Ce matin donc, les C quittent Brunswick, et au lieu de piquer vers l'Ouest et l'intérieur des terres, remontent la côte vers la péninsule de Pemaquid. On y trouve, au bout d'une pointe rocheuse, un phare que l'on peut visiter, et un peu plus loin un fort qui marquait la limite entre l'Acadie française et les possessions britanniques, et à ce titre changea de main à plusieurs reprises. La région est très sauvage, et on sent un peu partout la rudesse de l'hiver.


Les C déjeunent vers Bath, d'un lobster roll pour papa C, et de poisson pour les autres (sauf la plus petite qui prend un hot dog: on ne change pas un menu qui gagne), puis prennent à l'ouest, vers l'intérieur des terres et arrivent dans l'après midi au village de Shabbatday, la dernière communauté de shakers encore active (il en reste quatre, âgés de 30 à 88 ans). Une partie du village se visite, avec l'aide de voisins, appartenant à une association d'amis des shakers, qui semble très active, et assez confiante dans la survie de la communauté. On y présente l'histoire du village, quelques vies exemplaires (les shakers, faisant vœu de célibat, n'avaient pas d'enfants, mais on leur en confiait, orphelins ou enfants que leurs parents n'arrivaient pas à élever, qu'ils éduquaient, et qui devenaient parfois shakers), des réalisations diverses (dans le passé, les communautés vivaient de la vente par correspondance d'objets ingénieux qu'elles fabriquaient, aujourd'hui, elle produisent des graines, des plantes pharmaceutiques et des produits agricoles), et une ferme.


Après Shabbatday, les C continuent vers le lac Sebago. Il était à l'origine prévu de s'y baigner, mais comme ils y arrivent vers cinq heures du soir, la partie de plage se réduit à une glace au bord du lac. Ils repartent alors, traversant une région de forêts et de lacs, jusqu'à North Conway, longue vallée menant aux stations de ski du New Hampshire, entièrement occupée par des hôtels et des magasins de grandes marques. Il n'y a pas, au New Hampshire, de TVA, et américains comme canadiens s'y précipitent pour faire leurs courses.


Les C trouvent leur hôtel, dînent dans un "grille" (avec un "e" parce que cela fait plus français) de poissons et de fruits de mer (et d'un hot dog), et vont se reposer, en prévision de l'éreintante journée du lendemain.

mercredi 5 août 2015

Dix-septième jour - les C sur la côte

Dans les motels américains, il  y a toujours de l'internet, toujours un micro-onde et un frigo, toujours du café le matin, et presque toujours une piscine extérieure au bord de la route. Le petit déjeuner est parfois offert. Ce n'est pas le cas à Saco, et les C partent donc de bon matin, vers un centre commercial repéré la veille, où ils vont pouvoir faire leur lessive, petit déjeuner et faire quelques courses. 

Comme tout le reste, la cantine locale a un petit côté canadien: on y sert, dans un décor "bois vernis et photos de caribou", des pancakes à la confiture et au sirop d'érable. Le déjeuner expédié, ils vont dans le supermarché voisin, où maman C achète des drapeaux américains, papa C des pantalons, la plus jeune C un cartable, et divers produits alimentaires qu'on ne retrouvera sans doute jamais en France (notamment des glaçages aux couleurs aussi vives qu'improbables). 

Ils quittent le centre commercial vers onze heures, et prennent la route au nord vers le Cap Elizabeth, qui borde Porland au sud. On y voit un phare assez célèbre (immortalisé dans un tableau de Hopper), et une série de forts qui protégeaient autrefois la rade de Portland des incursions françaises, puis défendirent la même rade contre les sous marins allemands. C'est un parc américain typique, avec des tables de pique nique, des barbecues en libre service, et une jolie vue sur la mer. 

Quand les C repartent, il est l'heure de déjeuner, et les deux guides de papa C recommandent unanimement un restaurant de Portland spécialisé dans les chowder, sortes de soupes ayant la consistance de la sauce qu'on met dans les coquilles aux fruits de mer. Papa C y prend des fruits de mer panés et un clam chowder, maman et l'aînée des C un lobster roll, équivalent local du hot-dog, servi froid dans un petit pain brioché, avec de la mayonnaise à la place de la ketchup, et du homard à la place de la saucisse. C'est un peu plus cher que le hot-dog de base, mais c'est nettement meilleur. La plus jeune C mange un hot-dog normal (c'est nettement moins cher que le lobster roll de base, et elle est tout aussi contente).

L'après midi, ils continuent vers Bath et Popham State Park, un parc d'état (donc payant), où se trouve une plage propre, bien aménagée, et nettement moins bondée que celle de la veille. Les vagues sont belles, et l'eau froide ne semble pas décourager les petites C, qui s'en donnent à coeur joie. 

Le soir, tout le monde rentre à Brunswick, dans un motel nettement plus confortable que celui de la veille (mais pas plus cher, papa C s'améliore)

mardi 4 août 2015

Seizième jour - Les C à la tabarnac de plage

Ce matin, les C se lèvent tard. Ils sont arrivés à plus de dix heures hier soir, l'hôtel coûte cher, ils doivent rendre la chambre avant onze heures ce matin, alors ils amortissent l'investissement. Vers neuf heures et demie, ils descendent prendre le petit déjeuner, copieux mais un peu décevant (ni Best, ni Western, en fait). Puis, ils font leurs bagages, et montent en voiture

La visite programmée de Concord est annulée, d'abord parce que la soirée d'hier leur a laissé un mauvais souvenir de la région, ensuite parce que papa C a réservé pour ce soir à Saco, dans le Maine, et que ce n'est pas tout près, enfin parce qu'il est près de onze heures, et que la journée est bien entamée.

Nos héros prennent donc une série d'autoroutes, qui contournent Boston par le nord, remontent la côte du Massachussetts et quittent l'autoroute à Salisbury, à la frontière du New Hampshire. Comme ils ont raté la plage avant hier dans le Connecticut, ils ont une revanche à prendre, et vont donc se tremper les pieds vers Hampton beach (jolie plage de sable fin, pas trop bondée à cette heure de la journée). Ils remontent ensuite la côte, traversent Portsmouth, passent le pont et arrivent à Kittery, ils sont dans le Maine.

Comme l'heure de déjeuner est largement dépassée, et que les deux guides de papa C (le guide vert, et le guide américain acheté à New York) sont unanimes, ils se rendent au Bob's Clam Hut, une sorte de boutique en bord d'autoroute, encore bondée à deux heures de l'après midi, où l'on sert des fish and chips et leur équivalent à base de fruits de mer dans des paniers en plastique, avec des frites, de la sauce tartare et de la coleslaw. Ils prennent des "clam strips" (palourdes en lanière), des saint jacques (qui contrairement à ce qu'on pourrait croire "marchent" très bien panées), et du haddock. Tout est très frais, et très bon. Ils ne reviendront pas, mais le coeur y est.

Ils repartent vers 14h30, et vu qu'il ne leur reste qu'une trentaine de kilomètres à parcourir, les petites C se préparent à passer la fin d'après midi à la plage. La vie est belle!

Ces espoirs sont vite calmés. Vers quinze heures, de gros nuages apparaissent au dessus de la côte, et surtout, les C sont coincés dans un bouchon, un vrai bouchon de bord de mer, avec des vacanciers qui vont à la plage, des vacanciers qui quittent la plage, et des travaux qu'une municipalité prévoyante a choisi de faire en été. Les C mettront trois heures à faire une vingtaine de kilomètres, coincé au milieu de ... québécois.

Car nous sommes à côté d'Old South Beach, la "plage des québécois". Apparemment, c'est la villégiature préférée des Montréalais et autres Trois Riviérains, en partie parce que c'est la plus proche, en partie parce que cette partie de la côte, où se trouvaient autrefois de nombreuses papeteries, employait autrefois des canadiens français, qui parfois y sont restés.

Les C arrivent dans leur motel, au bord de la route, un peu délabré mais bien situé. Puis, vers six heures, ils vont voir la mer. A Old South Beach, on sent la mer avant de la voir. Plus précisément, on sent quelques kilomètres avant d'arriver l'odeur de baraque à frites qui enveloppe cette partie de la côte. Sur la plage, on parle avec un accent que papa C connait bien, et on trouve des mégots de cigarette et quelques papiers gras (généralement absents des plages américaines). Bienvenue dans le monde francophone!

Après une heure sur la plage, les C dînent de quelques donuts, repèrent une laverie où ils comptent passer le lendemain, et vont se coucher dans leur môtel des années 70 (Papa C ne maîtrise pas encore parfaitement la réservation sur internet). Demain c'est décidé, ils font moins de kilomètres.


lundi 3 août 2015

Quinzième jour - Boston by night

Les C s'éveillent ce matin dans leur chambre de motel. Par la porte vitrée en plastique, derrière leur voiture de retraité, le soleil se lève sur une bretelle d'autoroute. Après un frugal petit déjeuner "complimentaire", ils prennent congé, traversent le centre commercial, et repartent en direction du Parc d'Etat des Dinosaures, à quelques kilomètres de là. Ce parc a été créé pour préserver des traces fossiles de dinosaures, découvertes là au milieu du 20eme siècle. Il y en a plusieurs centaines, que les C ne verront pas, parce qu'on est Lundi, et que le Lundi, c'est fermé... Mais il en reste quelques unes dehors, et surtout, il y a des sentiers d'aventure, que les petites C parcourent avec bonheur.

Sans les dinosaures, la visite est plus courte, et les C se dirigent alors vers une autre attraction de la banlieue de Hartford, le quartier d'Old Wethersfield. C'est une banlieue assez chic, donc les habitants entretiennent soigneusement les maisons, qui datent pour la plupart du milieu du 18ème siècle. Trois d'entre elles se visitent et forment une sorte de petit musée. Apprenant qu'ils sont français, le guide leur explique que la maison où il se trouve appartenait à un certain Silas Deane, natif de Wethersfield, qui fut envoyé à Paris au début de la guerre d'indépendance pour tenter de négocier une alliance avec la France. Il y rencontra pas mal de monde (Lafayette notamment), et monta avec un certain Beaumarchais (oui oui, l'écrivain), une affaire d'import export, qui se spécialisait dans le trafic d'armes vers l'Amérique, avant d'obtenir le ralliement de la France et de l'Espagne à la cause américaine, et de rentrer au pays. C'est aussi dans cette maison que Rochambeau, débarqué un peu plus tôt à Newport, et Washington, qui remontait de New York, se rencontrèrent, et descendirent ensemble vers Yorktown, où ils défirent les anglais.

Après la maison, les C se promènent dans la ville, très verte, et très bien entretenue, comme toujours. Puis reprennent la voiture, direction le nord est du Connecticut, une région qu'un des guides de papa C décrit comme un "coin tranquille". C'est effectivement très calme, et bucolique à souhait, vallonné, avec des fermes, des champs, et de jolies petites maisons bien propres sur elles. Remontant vers le Massachussets, les C déjeunent dans un routier (avec la mention "truckers welcome" sur la porte), puis repartent en direction d'un petit parc à la frontière du Connecticut, le Bigelow Hollow State Park (papa et maman C l'ont choisi pour son nom). Il y a là un joli petit étang dont on peut faire le tour (pour la plus grand joie des petites C), et un lac un peu plus grand, où des locaux font du bateau, mais il n'y a pas de lieu de baignade, ce qui navre les petites C.

Nos héros repartent donc, passent la frontière du Massachussets, et trouvent à quelques kilomètres de là, dans une bourgade nommée Holland, un tout petit lac (le lac Siog), avec une plage publique, quasiment déserte. C'est un tout petit lieu de baignade, entretenu par l'armée américaine, avec des tables de pique-nique, des barbecues collectives, des sentiers de randonnée, et une toute petite plage avec un petit bassin délimité par des flotteurs. L'eau est assez chaude, et toute la famille se baigne.

Vers six heures, les C réembarquent, destination Concord, en grande banlieue de Boston, où il est prévu, le lendemain matin d'aller rendre hommage à Thoreau, Emerson, et madame Alcott (l'auteur des quatre filles du docteur March). S'ensuit une longue promenade, bucolique à souhait, au milieu de régions assez densément peuplées (il y a rarement plus de cent mètres entre une maison et la suivante, même à la "campagne"), avec beaucoup de verdures et de lacs. Les C arrivent à Concord vers sept heures et demi, ils ont faim, et maman C est fatiguée par cette route, un motel, même coincé entre deux autoroutes leur fera le plus grand bien.

Sauf que, si trouver un motel en banlieue de Hartford a été très facile, la chose semble plus difficile en banlieue de Boston. A l'approche de Concord, on traverse une série de banlieues cossues, sans le moindre centre commercial, et surtout sans motel. Ils en aperçoivent un, à la sortie d'une autoroute, qui a une apparence tellement effrayante qu'ils n'y entrent même pas (à la limite du camp de réfugié), puis en voient un second, tenu par une grande chaîne hôtelière, qui tient davantage du club med que du motel, et qui de toutes façons est complet.

Il est maintenant huit heures, les C traversent Concord, puis Lexington, la nuit tombe, et toujours pas de motel à l'horizon. Comme maman C a faim, on s'arrête dans une pizzeria, où l'on mange, puis on demande des adresses. Le patron appelle un hôtel du coin, également complet. Il est maintenant neuf heures, et les C repartent, un peu inquiets. La facilité à trouver un motel, hier, relevait apparemment de la chance des débutants, ou du fait que personne ne va passer ses vacances à Hartford Connecticut.

Nos héros sont repartis, les petites C sont fatigués, les parents scrutent l'horizon, à la recherche d'un signe hôtelier, n'importe lequel, ils traversent Lexington, puis Arlington, où ils trouvent une auberge, dont le portier, plutôt sympathique, explique qu'il a bien une chambre, dans les 250$, mais qu'il préfère la montrer avant, parce qu'elle ne plait pas à tout le monde... Effectivement, la chambre est une sorte de petit appartement, très spacieux, mais aménagé dans une cave, aveugle. Papa C décline.

Après Arlington, Cambridge. Ils se rapprochent dangereusement de Boston centre, et il est certain qu'on n'y trouvera pas de motel. Les C s'éloignent donc du centre, se retrouvent dans Watertown, nettement moins chic, où ils trouvent un motel... complet. Il est près de vingt deux heures.

Papa C entre dans une autre pizzeria, interroge la serveuse, qui leur explique d'aller tout droit, et de tourner à la station Mobil, puis tout droit encore. Ils seront à Waltham, où il y a plein d'hôtels. Les C obéissent, trouvent sans difficulté la station Mobil, et se retrouvent dans une banlieue déserte, sombre, avec derrière eux une voiture qui semble pressée, la musique à fond. On se croirait dans un mauvais film. En continuant, ils arrivent à une bretelle d'autoroute, montent la rampe, et découvrent à leur droite une forêt de néons, Holiday Inn, Hilton, Best Western, Ramada. On se croirait toujours dans un mauvais film, mais à la fin.

Papa C avise le premier hôtel en vue, un Best Western, y prend une chambre petite mais coûteuse (et pas forcément plus confortable que celle de la veille). Toute la maisonnée y monte, rassurée. Pour papa C, la leçon est apprise: on réserve son motel la veille sur internet.

Et, ironie du sort, un coup d'oeil à la carte lui montre que leur hôtel est presque à côté de la pizzeria où ils ont dîné...


dimanche 2 août 2015

Quatorzième jour - Hit the road, C.

Depuis le début, le voyage des C en Amérique repose sur un compromis. Maman C, qui passe le plus clair de son temps à la campagne, veut voir la ville, et donc New York. Papa C, qui passe ses semaines à la ville, veut voir la campagne, et donc l'Amérique profonde (ou au moins campagnarde). 

Aussi, après deux semaines passées à New York, il a été convenu qu'on louerait une voiture pour visiter la nouvelle Angleterre.

Ce matin, les C ont donc pris un taxi pour la gare de banlieue de la 125ème rue, puis un train qui les a déposés à North White Plains (au nord de Yonkers, pour ceux de nos lecteurs qui  nous suivent la carte à la main). Pourquoi North White Plains? D'abord, parce que maman C, ayant vu la façon dont les New Yorkais conduisent, a absolument refusé qu'on loue à New York. Ensuite, parce que c'est assez près de New York. Enfin, parce qu'il y avait un loueur (Hertz) juste en face de la gare. 

Vers dix heures, après quelques complications initiales tenant au fait que la voiture avait été payée avec la carte de papa C et que c'était maman C qui allait conduire (Hertz n'a apparemment pas l'habitude de traiter avec des couples), maman C s'installe au volant d'une grosse Nissan, genre voiture de jeunes retraités aisés, papa C s'installe à l'avant avec ses cartes sur les genoux (Hertz ne connait pas non plus le GPS de série), et le road trip commence. 

Après un petit tour dans Greenwich (belles maisons), les C longent la côte en direction de New Haven, prennent au nord à Bridgeport, avant de s'enfoncer dans les petites routes qui mènent à la rivière Connecticut. A midi, ils sont à Durham CT, dans une pizzeria, maman C maintenant à l'aise avec la conduite américaine, papa C bien dans ses cartes routières, et les petites C silencieuses face à leurs raviolis. 

Après déjeuner, ils se retrouvent à Essex, quelques kilomètres en amont de l'embouchure du fleuve, où se trouvent un train à vapeur et un bateau à trois ponts, avec de grandes cheminées façon Mississippi, qui remontent la rivière. C'est une vraie attraction américaine, chère, mais très riche (ça dure près de trois heures), avec beaucoup d'explications historiques, géographiques et même géologiques, de nourriture, et de sodas colorés. 

Vers cinq heures, papa C propose d'aller à la mer s'y tremper les pieds. L'idée parait simple, car la côte n'est qu'à quelques kilomètres. Sa réalisation est plus difficile : dans cette région, la majorité des plages sont privées. Les C tournent donc, de drive en lane, de terrace en alley, voyant souvent l'Atlantique, mais sans jamais l'atteindre. Ils vont se consoler chez un marchand de glaces, et reprennent la route pour leur destination finale, le parc des dinosaures juste au sud de Hartford. 

Ils y arrivent vers huit heures, repèrent le parc où ils iront demain, trouvent au bord de la route un motel très bon marché, coincé entre un centre commercial et une bretelle d'autoroute, et s'y endorment du sommeil du juste.

samedi 1 août 2015

Treizième et dernier jour

Après la molle douzième journée, les C se sentent obligés, ce matin, de se racheter en se fixant un objectif culturellement irréprochable. Ils partent donc, de bon matin, pour le MoMA, le dernier grand musée qui manque à leur palmarès New Yorkais.

Ils y arrivent pour l'ouverture, ce qui leur épargne la cohue. C'est nettement plus petit que le Met (quoiqu'aussi cher), l'exposition temporaire du moment (Yoko Ono) est sans intérêt, et l'art contemporain, qui occupe un étage porte l'avertissement: peut heurter de jeunes publics. En fin de compte, il reste trois étages visitables sur six. Le premier étage (post impressionnisme, cubisme, modernisme), est remarquable, avec beaucoup de tableaux très célèbres (la nuit étoilée de Van Gogh, les demoiselles d'Avignon, la jungle du Douanier Rousseau), et une très belle collection de Picasso. La suite dépend de l'intérêt du visiteur pour l'art conceptuel (un ready made, ou un monochrome, pourquoi pas, dix d'affilée, ben...) La troisième étage est consacré au design et aux dessins, avec quelques affiches, un peu de Warhol.

Le tout est expédié en deux heures, et papa C se dit qu'il aurait été déçu s'il avait visité ce musée au début, mais qu'en deuxième semaine, quand on en a un peu assez, ça convient parfaitement (mais si on lui demandait son avis, papa C vous dirait probablement qu'il n'y a à New York que deux musées d'art : le Met, et la Frick, où il compte bien repasser s'il a le temps à la fin du séjour).

Après le MoMA, les C descendent vers l'East River, où le guide de maman C recommande un restaurant indien (pour une raison inexpliquée, depuis qu'on est à New York, maman C veut manger indien). Ils mettent un certain temps à y descendre, mais le repas est effectivement excellent.

Ensuite, les C décident de rentrer à pied. Ils remontent donc la soixantième rue, longent Central Park South (trop tape à l'oeil, selon maman C), puis prennent Broadway puis Colombus, à la recherche d'une papeterie de l'upper west side que recommande le guide de maman C, et qui s'avère un peu décevante. Papa C trouve à côté (toujours grâce au guide) un marchand de livres d'occasion, où il trouve Elliot et Stevens, les deux poètes qui manquaient à sa liste de course.

Les C remontent ensuite Amsterdam, retrouvent la vendeuse de glaces qui alimente les petites C en soda floats (maman C prend un milkshake, papa C rien, vu qu'il tousse). Puis, tout le monde rentre à la maison pour préparer les bagages, car ce treizième jour est le dernier du séjour des C à New York. Demain, ils partent pour près de deux semaines, et commencent la seconde partie de cette aventure :

les C, le road trip.