dimanche 9 août 2015

Vingt et unième jour - les C à la frontière

Les C abandonnent ce matin les White Mountains et le New Hampshire, et mettent le cap au Nord vers la petite ville de Derby, dans le Vermont, à la frontière canadienne. Ils y ont rendez-vous avec Spence et Debbie, des amis de papa C. La veille, papa C a révisé sur Google maps les instructions données par Spence : sortir de l'interstate à la sortie 27, "prendre une gauche" tout de suite, puis au bout de la route une droite, puis trois miles de route en terre, puis encore à gauche, et deux miles de route non pavée, jusqu'au sommet de la colline, et la seule entrée de maison asphaltée du coin.


Tout se passe comme prévu (maman C serre un peu les dents sur la route en terre...), et ils arrivent comme prévu chez Spence vers onze heure et demie. C'est une petite maison préfabriquée en bois d'un étage, posée sur une dalle de ciment comme on le fait ici et installée dans une clairière aménagée au milieu de la forêt d'érable. Spence et Debbie leur expliquent qu'on y voit des ours et des caribous, de temps à autre. Après un excellent déjeuner, leurs amis les emmènent dans la ville voisine, voir un General Store où l'on vend un peu de tout (de la nourriture, des graines et des plantes, des médicaments, des chaînes, des outils, des armes, des munitions...), mais que son propriétaire, chasseur, a décoré de trophées. On y fait ses courses entre caribous et ours empaillés, têtes de sangliers et de cerfs, avec parfois quelques photos de la prise, voire du dépeçage de l'animal.


Puis, ils se rendent au Bread and Puppet Theater, spectacle qui se tient tous les week-end en été.


Cela se passe, dans une cuvette de pelouse qui n'est pas sans rappeler Woodstock en plus petit, au fond duquel sont installés deux bus scolaires abandonnés, et repeints de fleurs roses et violettes. Le lieu est tenu par d'authentiques hippies, les plus âgés manifestement rescapés des années 60, et le public qui s'installe sur la pelouse, dans un joyeux désordre, est un gentil mélange de locaux venus en voisins, de baba cools du cru, de québécois en goguette, de touristes (le spectacle est connu du guide Michelin de papa C). Spence explique à papa C qu'il y a une dizaine d'années, ils organisaient ici en Août un festival qui durait plusieurs jours, et qui pouvait attirer une dizaine de milliers de personnes (à tel point qu'ils ont fini par avoir des soucis avec les riverains).


Le spectacle est une série de tableaux, rythmés par une fanfare, faisant intervenir une cinquantaine de figurants de tous âges, avec des costumes, des échasses, des marionnettes, une sorte de cirque en plein air. Les thèmes sont à gauche gauche (même pour un européen), on y voit de méchants capitalistes écraser les ouvriers revendiquant leurs droits (en criant "laissons les congés maladie aux européens!"), puis les arbres et les animaux, puis les minorités ethniques, et ainsi de suite. C'est très drôle, très enlevé, parfaitement inattendu, et les petites C sont ravies.


Le spectacle terminé, le public peut partager avec les comédiens du pain fait maison (les derniers hippies, comme je disais...), mais nos amis rentrent chez Debbie et Spence. Les petites C profitent de la piscine, sous le regard inquiet maman C, vu la température de l'eau, pendant que papa C goûte un vin rouge du Vermont qui rappelle un peu un Cahors (en légèrement plus sucré). Le dîner consiste en une viande au barbecue (le genre de steaks de cinq centimètres d'épaisseur qu'on trouve ici), et des légumes du jardin. Après, il est prévu de faire un feu dans le jardin et de griller des marshmallows, mais le temps du Vermont (il n'y a apparemment eu à Derby que deux jours de soleil depuis début Juillet) douche, littéralement, le projet. Les C grillent quelques guimauves sur les braises du barbecue, puis, les petites C regardent la mélodie du bonheur (dont les héros fuient le nazisme dans le Vermont, donc sont en quelque sorte des locaux...) pendant que papa C dodeline en digérant.

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