dimanche 9 août 2015

Vingt deuxième jour - Fromage et glaces

La journée des commence par un petit déjeuner Vermontais. Il y a du bacon, des œufs, et surtout des pancakes et du sirop d'érable. Un collègue de Spence fabrique du sirop, et Spence lui échange du bois (la préparation du sirop demande beaucoup de cuisson, donc beaucoup de bois) contre du sirop. Cela n'a évidemment pas grand chose à voir avec le sirop de maïs aromatisé à l'érable qu'on trouve un peu partout.


Ayant absorbé suffisamment de calories pour passer la journée à abattre des érables et à tuer des caribous à main nue, les C embarquent en voiture pour Smuggler's Notch, la trouée des contrebandiers, ainsi appelée car c'est là que se faisaient les échanges avec le Canada pendant la guerre de 1812 (cette parenthèse culturelle vous était offerte par le guide Michelin de papa C). C'est une route de montagne pour américains : quelques lacets, des passages sur une seule voie (mais où l'on se croise facilement quand même), et de gros cailloux au bord, mais le paysage est assez joli et rappelle un peu à papa C la forêt de Saou (papa C est un bon français : à chaque fois qu'on lui montre quelque chose, il lui cherche un équivalent hexagonal).


De l'autre côté de Smuggler's Notch se trouve Stowe, la station de ski lancée par la famille Von Trapp de la Mélodie du Bonheur. Les C y font les boutiques avant de déjeuner, puis continuent vers Cabot, où se trouve le magasin du principal fromager du Vermont. Papa C y achète un cheddar de trois livres (qu'il transportera précieusement jusqu'à Nemours), et trois bouteille de vin du Vermont (un blanc sec, un blanc demi-sec, et un rouge, un Marquette, cépage hybride conçu pour résister au froid).


Quelques kilomètres plus loin, on arrive à ce qui constitue un des hauts lieux industriels de la région : la Ben and Jerry Factory. Il s'agit de la première usine du fameux glacier (Ben et Jerry sont originaire de Burlington, à quelques dizaines de kilomètres de là). Les C prennent congé de Debbie et Spence, qui repartent chez eux, et vont visiter l'usine. On y voit à peu près toutes les étapes du processus, mais surtout, la visite s'achève par une dégustation. Les petites C sont ravies. Derrière l'usine, se trouve le cimetière des parfums, où l'entreprise rend hommage aux glaces qu'elle a produites puis abandonnées.


Les C repartent alors vers Burlington, où ils doivent dormir ce soir. Comme ils y arrivent assez tôt, ils font un petit tour sur les iles du lac Champlain, qui s'avère moins spectaculaire mais surtout beaucoup plus long que prévu, et ils arrivent finalement assez tard à leur hôtel, dînent dans un pub voisin (où papa C s'initie à la bière locale, il y a ici tellement de micro brasseries que les marques nationales peinent à exister), et vont se coucher.

Vingt et unième jour - les C à la frontière

Les C abandonnent ce matin les White Mountains et le New Hampshire, et mettent le cap au Nord vers la petite ville de Derby, dans le Vermont, à la frontière canadienne. Ils y ont rendez-vous avec Spence et Debbie, des amis de papa C. La veille, papa C a révisé sur Google maps les instructions données par Spence : sortir de l'interstate à la sortie 27, "prendre une gauche" tout de suite, puis au bout de la route une droite, puis trois miles de route en terre, puis encore à gauche, et deux miles de route non pavée, jusqu'au sommet de la colline, et la seule entrée de maison asphaltée du coin.


Tout se passe comme prévu (maman C serre un peu les dents sur la route en terre...), et ils arrivent comme prévu chez Spence vers onze heure et demie. C'est une petite maison préfabriquée en bois d'un étage, posée sur une dalle de ciment comme on le fait ici et installée dans une clairière aménagée au milieu de la forêt d'érable. Spence et Debbie leur expliquent qu'on y voit des ours et des caribous, de temps à autre. Après un excellent déjeuner, leurs amis les emmènent dans la ville voisine, voir un General Store où l'on vend un peu de tout (de la nourriture, des graines et des plantes, des médicaments, des chaînes, des outils, des armes, des munitions...), mais que son propriétaire, chasseur, a décoré de trophées. On y fait ses courses entre caribous et ours empaillés, têtes de sangliers et de cerfs, avec parfois quelques photos de la prise, voire du dépeçage de l'animal.


Puis, ils se rendent au Bread and Puppet Theater, spectacle qui se tient tous les week-end en été.


Cela se passe, dans une cuvette de pelouse qui n'est pas sans rappeler Woodstock en plus petit, au fond duquel sont installés deux bus scolaires abandonnés, et repeints de fleurs roses et violettes. Le lieu est tenu par d'authentiques hippies, les plus âgés manifestement rescapés des années 60, et le public qui s'installe sur la pelouse, dans un joyeux désordre, est un gentil mélange de locaux venus en voisins, de baba cools du cru, de québécois en goguette, de touristes (le spectacle est connu du guide Michelin de papa C). Spence explique à papa C qu'il y a une dizaine d'années, ils organisaient ici en Août un festival qui durait plusieurs jours, et qui pouvait attirer une dizaine de milliers de personnes (à tel point qu'ils ont fini par avoir des soucis avec les riverains).


Le spectacle est une série de tableaux, rythmés par une fanfare, faisant intervenir une cinquantaine de figurants de tous âges, avec des costumes, des échasses, des marionnettes, une sorte de cirque en plein air. Les thèmes sont à gauche gauche (même pour un européen), on y voit de méchants capitalistes écraser les ouvriers revendiquant leurs droits (en criant "laissons les congés maladie aux européens!"), puis les arbres et les animaux, puis les minorités ethniques, et ainsi de suite. C'est très drôle, très enlevé, parfaitement inattendu, et les petites C sont ravies.


Le spectacle terminé, le public peut partager avec les comédiens du pain fait maison (les derniers hippies, comme je disais...), mais nos amis rentrent chez Debbie et Spence. Les petites C profitent de la piscine, sous le regard inquiet maman C, vu la température de l'eau, pendant que papa C goûte un vin rouge du Vermont qui rappelle un peu un Cahors (en légèrement plus sucré). Le dîner consiste en une viande au barbecue (le genre de steaks de cinq centimètres d'épaisseur qu'on trouve ici), et des légumes du jardin. Après, il est prévu de faire un feu dans le jardin et de griller des marshmallows, mais le temps du Vermont (il n'y a apparemment eu à Derby que deux jours de soleil depuis début Juillet) douche, littéralement, le projet. Les C grillent quelques guimauves sur les braises du barbecue, puis, les petites C regardent la mélodie du bonheur (dont les héros fuient le nazisme dans le Vermont, donc sont en quelque sorte des locaux...) pendant que papa C dodeline en digérant.

samedi 8 août 2015

Vingtième jour - les C à la montagne

Les White Mountains, comme toutes les Appalaches, s'étendent d'est en ouest (enfin, du nord-est au sud-ouest), et sont coupées par trois "trouées" ("notch" en anglais) qui vont du nord au sud (enfin, du nord-ouest au sud-est). D'ouest en est (enfin, du...), les trouées sont Franconia, Crawford et Pinkham (jambon rose???). Ce sont en fait des cols, où l'on trouve généralement une station de rangers, qui fait office de centre d'information, et d'où partent des sentiers de randonnée.


Les C ont dormi au nord-ouest des montagnes, et prennent ce matin par Bretton Woods (station de ski célèbre pour ses accords), puis rejoignent Crawford notch, où les parkings sont déjà assez pleins. Papa C interroge un ranger, qui leur conseille un petit parcours de deux heures, faisable en baskets par temps sec, et avec ce qu'il qualifie de "good pay-off". Nos amis partent donc sur un chemin de randonnée américain, c'est à dire aménagé, balisé, d'un bon mètre de large, avec des petites planches pour ne pas se mouiller les pieds dans les zones humides, des petites marches en bois là où cela monte, et tout plein d'autres touristes, américains mais aussi québécois (on n'est pas très loin de la belle province). Après une bonne heure de montée, ils arrivent sur une crête rocheuse qui domine de quelques centaines de mètres la vallée qui redescend du col. Good pay-off, comme ils disent.


Une fois redescendus, nos héros reprennent la route vers la vallée, et le déjeuner. Le guide de papa C indique deux restaurants. Le premier n'ouvre que le soir, et le second est introuvable. Mais un peu plus loin se trouve ce qui ressemble furieusement à un restaurant de station de ski, avec du bois au mur, des cheminées en pierre, et des skis anciens, des raquettes et d'autres objets de plaisir hivernaux en guise de décoration. Maman C y mange du saumon, plat local, et papa C une Shepherd pie, l'équivalent local d'un hachis Parmentier (il y a du maïs dedans...)


Une fois nourris, les C reprennent la route vers le col du jambon rose, visitent deux ou trois cascades sur le chemin (c'est un peu la spécialité locale), et arrivent... à un poste de rangers, où une dame suggère à papa C une promenade d'un peu plus de deux heures (deux miles deux aller, et autant retour), qui doit les emmener sur une colline où l'on a une belle vue sur le mont Washington et un bout de la chaîne présidentielle. Dans cette partie des White mountains, les montagnes ont les noms des premiers présidents américains (et de quelques autres personnalités connexes, Benjamin Franklin, notamment). Du sommet indiqué, on devrait voir Madison, Adams, Jefferson si on se penche un peu, et Washington. Par ailleurs, le chemin suit l'Appalachian Trail (le sentier de grande randonnée qui parcourt les Appalaches du Maine à la Géorgie, sur 3 500 kilomètres), ce qui permettra aux C de dire qu'ils y sont allés...


Les C sont donc repartis. Il y a nettement moins de monde que le matin, et la promenade se fait dans une assez belle forêt, puis croise la route automobile (payante) qui monte au sommet du Mont Washington. C'est apparemment le must pour tous les motards du coin. On entend donc la route à plusieurs kilomètres, et il faut faire attention quand on traverse, sous peine de se faire renverser par un papy en Harley qui roule avec un bandana à la place du casque (ici, pour une raison mystérieuse, il n'y a que des grosses motos, généralement pilotées par des personnes aux cheveux blancs, et le casque ne semble pas obligatoire).


La route traversée, on monte sur une petite crête... et, comme promis, les présidents apparaissent, et on aperçoit, au sommet de Washington l'éclat du soleil sur les Harley qui pétaradent.


La redescente est un peu longue, et les C sont bien heureux de retrouver le col, et la station de rangers, où des tas de randonneurs se reposent en attendant de reprendre leurs voitures (ou de repartir sur la piste). L'ambiance rappelle un peu celle des refuges: le look montagnard et sportif est vigoureusement conseillé, avec un petit côté new age (et quelques kilos) en plus .


Nos héros reprennent leur Nissan, redescendent dans la vallée, et rejoignent Littleton, où ils dînent dans le même grille que la veille.



vendredi 7 août 2015

Dix neuvième jour - les C sur la rivière

Longtemps avant de partir, les C s'étaient dit qu'il faudrait qu'ils fassent du canoë en Amérique. Le guide de papa C donnant une adresse dans le New Hampshire, voisine de North Conway, ils partent ce matin, et arrivent vers neuf heures devant la Saco River Canoe Rental, une maison de bois au bord de la route, dans le jardin de laquelle on aperçoit des dizaines de canoës et de kayaks, et des remorques pour les transporter. La responsable leur recommande de louer un canoë et un kayak (l'aînée des C est ravie!), et d'effectuer une descente de sept miles (une douzaine de kilomètres), qui devrait prendre un peu plus de trois heures.


L'embarquement se fait sous un pont. C'est manifestement un lieu apprécié des locaux, car plusieurs groupes s'y trouvent déjà. En les voyant, papa C comprend pourquoi on lui a recommandé deux bateaux pour quatre, alors qu'à son avis un seul aurait suffi. Non seulement les locaux sont d'un calibre un peu plus élevé que les C (et qui n'a pas grand chose à voir non plus avec les américains qu'on voit à New York: New York est une sorte de vitrine publicitaire, où l'Amérique est comme dans les séries...), mais surtout ils embarquent un matériel impressionnant : nourriture, vêtements, tentes, sièges barbecues (si, si...). A côté d'eux un brave garçon tente de mettre à l'eau ce qui semble être le bateau-fourgon de son groupe. Le pauvre canoë navigue à fleur d'eau, et semble très difficile à manœuvrer. Le reste de la fine équipe, à trois bons quintaux (dont deux américains) par bateau, n'avance pas beaucoup plus vite.


Les C embarquent, s'éloignent du pont, et commencent la descente. La Saco n'a pas grand chose à voir avec les rivières européennes. Elle est très large et coule lentement comme une rivière de plaine, mais le paysage est celui d'un torrent de montagne, avec des sapins sur les rives, des troncs tombés dans l'eau, des plages de cailloux. On sent que le paysage doit être assez différent, et nettement moins hospitalier en hiver (probablement de novembre à avril) et au printemps (sans doute en mai).


En dehors de l'embarquement et de quelques groupes de campeurs croisés sur les berges, la rivière est déserte, et la promenade très agréable. Les sept miles s'avèrent une excellente suggestion: vers la fin, les petites C, qui pagayent dans leur kayak, pendant que papa C promène maman C dans un grand canoë, ont mal aux bras. L'arrivée se fait au pont suivant, un pickup vient les chercher et les remonte, les C sont fatigués mais ravis.


Après déjeuner, les C prennent la Kalamangus highway, une route de montagne (à l'américaine, c'est à dire qu'elle ferait une honnête route nationale en France), qui traverse le sud des White Mountains (la partie la plus haute des Appalaches). Elle n'est pas très longue (une cinquantaine de kilomètres), mais on s'y arrête tous les cinq ou six miles pour y voir des cascades, des lacs, des gorges ou des falaises, toutes très bien aménagées et entretenues (les White Mountains sont un parc national, et les nombreux touristes semblent assez respectueux des lieux, les C verront très peu de papiers gras ou de déchets divers). Au bout de la route, ils atteignent Lincoln, petite ville au pied des montagnes, puis repartent vers le nord, à travers la Franconia notch, qui les mène à Littleton, à la frontière du Vermont, où ils doivent dormir cette nuit.


Ils arrivent assez tard dans un motel très bien tenu (si bien tenu qu'ils décident d'y rester le lendemain), et se mettent en quête d'un restaurant. L'affaire semble banale, mais à Littleton, tout semble fermer à vingt heures. Le diner "bikers welcome" que papa C avait repéré est manifestement fermé, comme le family restaurant un peu plus bas. Comme il y a quelques jours à Concord, nos héros errent à la recherche d'un restaurant, n'importe quoi, même un grec qui ferait pizzeria, et trouvent finalement, à côté de leur hôtel, un grille (toujours avec un "e"), installé dans l'ancienne gare de chemin de fer, et qui sert jusqu'à vingt et une heure. Echaudés par Boston, nos héros se préparent au pire, addition astronomique, nourriture décevante, voire les deux... et font l'un des meilleurs repas de leur voyage. Et comme ils resteront au motel, ils reviendront au "depot grille" (c'est le nom).


Repus, les C rentrent à leur hôtel. Aujourd'hui c'était canoë, demain, ce sera randonnée...

jeudi 6 août 2015

Dix huitième jour - Mer, montagne et shakers

"C'est bien gentil la plage, mais moi je voulais voir la côte, et puis, je n'ai même pas mangé de lobster rolls!"


En théorie, les C devaient quitter la mer ce matin, et remonter vers le New Hampshire et les montagnes, mais ce programme est contrarié par papa C qui, s'il ne conduit pas, tient la carte routière, est le seul à parler anglais, et a donc, à ce titre, une forte voix au chapitre.


Ce matin donc, les C quittent Brunswick, et au lieu de piquer vers l'Ouest et l'intérieur des terres, remontent la côte vers la péninsule de Pemaquid. On y trouve, au bout d'une pointe rocheuse, un phare que l'on peut visiter, et un peu plus loin un fort qui marquait la limite entre l'Acadie française et les possessions britanniques, et à ce titre changea de main à plusieurs reprises. La région est très sauvage, et on sent un peu partout la rudesse de l'hiver.


Les C déjeunent vers Bath, d'un lobster roll pour papa C, et de poisson pour les autres (sauf la plus petite qui prend un hot dog: on ne change pas un menu qui gagne), puis prennent à l'ouest, vers l'intérieur des terres et arrivent dans l'après midi au village de Shabbatday, la dernière communauté de shakers encore active (il en reste quatre, âgés de 30 à 88 ans). Une partie du village se visite, avec l'aide de voisins, appartenant à une association d'amis des shakers, qui semble très active, et assez confiante dans la survie de la communauté. On y présente l'histoire du village, quelques vies exemplaires (les shakers, faisant vœu de célibat, n'avaient pas d'enfants, mais on leur en confiait, orphelins ou enfants que leurs parents n'arrivaient pas à élever, qu'ils éduquaient, et qui devenaient parfois shakers), des réalisations diverses (dans le passé, les communautés vivaient de la vente par correspondance d'objets ingénieux qu'elles fabriquaient, aujourd'hui, elle produisent des graines, des plantes pharmaceutiques et des produits agricoles), et une ferme.


Après Shabbatday, les C continuent vers le lac Sebago. Il était à l'origine prévu de s'y baigner, mais comme ils y arrivent vers cinq heures du soir, la partie de plage se réduit à une glace au bord du lac. Ils repartent alors, traversant une région de forêts et de lacs, jusqu'à North Conway, longue vallée menant aux stations de ski du New Hampshire, entièrement occupée par des hôtels et des magasins de grandes marques. Il n'y a pas, au New Hampshire, de TVA, et américains comme canadiens s'y précipitent pour faire leurs courses.


Les C trouvent leur hôtel, dînent dans un "grille" (avec un "e" parce que cela fait plus français) de poissons et de fruits de mer (et d'un hot dog), et vont se reposer, en prévision de l'éreintante journée du lendemain.

mercredi 5 août 2015

Dix-septième jour - les C sur la côte

Dans les motels américains, il  y a toujours de l'internet, toujours un micro-onde et un frigo, toujours du café le matin, et presque toujours une piscine extérieure au bord de la route. Le petit déjeuner est parfois offert. Ce n'est pas le cas à Saco, et les C partent donc de bon matin, vers un centre commercial repéré la veille, où ils vont pouvoir faire leur lessive, petit déjeuner et faire quelques courses. 

Comme tout le reste, la cantine locale a un petit côté canadien: on y sert, dans un décor "bois vernis et photos de caribou", des pancakes à la confiture et au sirop d'érable. Le déjeuner expédié, ils vont dans le supermarché voisin, où maman C achète des drapeaux américains, papa C des pantalons, la plus jeune C un cartable, et divers produits alimentaires qu'on ne retrouvera sans doute jamais en France (notamment des glaçages aux couleurs aussi vives qu'improbables). 

Ils quittent le centre commercial vers onze heures, et prennent la route au nord vers le Cap Elizabeth, qui borde Porland au sud. On y voit un phare assez célèbre (immortalisé dans un tableau de Hopper), et une série de forts qui protégeaient autrefois la rade de Portland des incursions françaises, puis défendirent la même rade contre les sous marins allemands. C'est un parc américain typique, avec des tables de pique nique, des barbecues en libre service, et une jolie vue sur la mer. 

Quand les C repartent, il est l'heure de déjeuner, et les deux guides de papa C recommandent unanimement un restaurant de Portland spécialisé dans les chowder, sortes de soupes ayant la consistance de la sauce qu'on met dans les coquilles aux fruits de mer. Papa C y prend des fruits de mer panés et un clam chowder, maman et l'aînée des C un lobster roll, équivalent local du hot-dog, servi froid dans un petit pain brioché, avec de la mayonnaise à la place de la ketchup, et du homard à la place de la saucisse. C'est un peu plus cher que le hot-dog de base, mais c'est nettement meilleur. La plus jeune C mange un hot-dog normal (c'est nettement moins cher que le lobster roll de base, et elle est tout aussi contente).

L'après midi, ils continuent vers Bath et Popham State Park, un parc d'état (donc payant), où se trouve une plage propre, bien aménagée, et nettement moins bondée que celle de la veille. Les vagues sont belles, et l'eau froide ne semble pas décourager les petites C, qui s'en donnent à coeur joie. 

Le soir, tout le monde rentre à Brunswick, dans un motel nettement plus confortable que celui de la veille (mais pas plus cher, papa C s'améliore)

mardi 4 août 2015

Seizième jour - Les C à la tabarnac de plage

Ce matin, les C se lèvent tard. Ils sont arrivés à plus de dix heures hier soir, l'hôtel coûte cher, ils doivent rendre la chambre avant onze heures ce matin, alors ils amortissent l'investissement. Vers neuf heures et demie, ils descendent prendre le petit déjeuner, copieux mais un peu décevant (ni Best, ni Western, en fait). Puis, ils font leurs bagages, et montent en voiture

La visite programmée de Concord est annulée, d'abord parce que la soirée d'hier leur a laissé un mauvais souvenir de la région, ensuite parce que papa C a réservé pour ce soir à Saco, dans le Maine, et que ce n'est pas tout près, enfin parce qu'il est près de onze heures, et que la journée est bien entamée.

Nos héros prennent donc une série d'autoroutes, qui contournent Boston par le nord, remontent la côte du Massachussetts et quittent l'autoroute à Salisbury, à la frontière du New Hampshire. Comme ils ont raté la plage avant hier dans le Connecticut, ils ont une revanche à prendre, et vont donc se tremper les pieds vers Hampton beach (jolie plage de sable fin, pas trop bondée à cette heure de la journée). Ils remontent ensuite la côte, traversent Portsmouth, passent le pont et arrivent à Kittery, ils sont dans le Maine.

Comme l'heure de déjeuner est largement dépassée, et que les deux guides de papa C (le guide vert, et le guide américain acheté à New York) sont unanimes, ils se rendent au Bob's Clam Hut, une sorte de boutique en bord d'autoroute, encore bondée à deux heures de l'après midi, où l'on sert des fish and chips et leur équivalent à base de fruits de mer dans des paniers en plastique, avec des frites, de la sauce tartare et de la coleslaw. Ils prennent des "clam strips" (palourdes en lanière), des saint jacques (qui contrairement à ce qu'on pourrait croire "marchent" très bien panées), et du haddock. Tout est très frais, et très bon. Ils ne reviendront pas, mais le coeur y est.

Ils repartent vers 14h30, et vu qu'il ne leur reste qu'une trentaine de kilomètres à parcourir, les petites C se préparent à passer la fin d'après midi à la plage. La vie est belle!

Ces espoirs sont vite calmés. Vers quinze heures, de gros nuages apparaissent au dessus de la côte, et surtout, les C sont coincés dans un bouchon, un vrai bouchon de bord de mer, avec des vacanciers qui vont à la plage, des vacanciers qui quittent la plage, et des travaux qu'une municipalité prévoyante a choisi de faire en été. Les C mettront trois heures à faire une vingtaine de kilomètres, coincé au milieu de ... québécois.

Car nous sommes à côté d'Old South Beach, la "plage des québécois". Apparemment, c'est la villégiature préférée des Montréalais et autres Trois Riviérains, en partie parce que c'est la plus proche, en partie parce que cette partie de la côte, où se trouvaient autrefois de nombreuses papeteries, employait autrefois des canadiens français, qui parfois y sont restés.

Les C arrivent dans leur motel, au bord de la route, un peu délabré mais bien situé. Puis, vers six heures, ils vont voir la mer. A Old South Beach, on sent la mer avant de la voir. Plus précisément, on sent quelques kilomètres avant d'arriver l'odeur de baraque à frites qui enveloppe cette partie de la côte. Sur la plage, on parle avec un accent que papa C connait bien, et on trouve des mégots de cigarette et quelques papiers gras (généralement absents des plages américaines). Bienvenue dans le monde francophone!

Après une heure sur la plage, les C dînent de quelques donuts, repèrent une laverie où ils comptent passer le lendemain, et vont se coucher dans leur môtel des années 70 (Papa C ne maîtrise pas encore parfaitement la réservation sur internet). Demain c'est décidé, ils font moins de kilomètres.


lundi 3 août 2015

Quinzième jour - Boston by night

Les C s'éveillent ce matin dans leur chambre de motel. Par la porte vitrée en plastique, derrière leur voiture de retraité, le soleil se lève sur une bretelle d'autoroute. Après un frugal petit déjeuner "complimentaire", ils prennent congé, traversent le centre commercial, et repartent en direction du Parc d'Etat des Dinosaures, à quelques kilomètres de là. Ce parc a été créé pour préserver des traces fossiles de dinosaures, découvertes là au milieu du 20eme siècle. Il y en a plusieurs centaines, que les C ne verront pas, parce qu'on est Lundi, et que le Lundi, c'est fermé... Mais il en reste quelques unes dehors, et surtout, il y a des sentiers d'aventure, que les petites C parcourent avec bonheur.

Sans les dinosaures, la visite est plus courte, et les C se dirigent alors vers une autre attraction de la banlieue de Hartford, le quartier d'Old Wethersfield. C'est une banlieue assez chic, donc les habitants entretiennent soigneusement les maisons, qui datent pour la plupart du milieu du 18ème siècle. Trois d'entre elles se visitent et forment une sorte de petit musée. Apprenant qu'ils sont français, le guide leur explique que la maison où il se trouve appartenait à un certain Silas Deane, natif de Wethersfield, qui fut envoyé à Paris au début de la guerre d'indépendance pour tenter de négocier une alliance avec la France. Il y rencontra pas mal de monde (Lafayette notamment), et monta avec un certain Beaumarchais (oui oui, l'écrivain), une affaire d'import export, qui se spécialisait dans le trafic d'armes vers l'Amérique, avant d'obtenir le ralliement de la France et de l'Espagne à la cause américaine, et de rentrer au pays. C'est aussi dans cette maison que Rochambeau, débarqué un peu plus tôt à Newport, et Washington, qui remontait de New York, se rencontrèrent, et descendirent ensemble vers Yorktown, où ils défirent les anglais.

Après la maison, les C se promènent dans la ville, très verte, et très bien entretenue, comme toujours. Puis reprennent la voiture, direction le nord est du Connecticut, une région qu'un des guides de papa C décrit comme un "coin tranquille". C'est effectivement très calme, et bucolique à souhait, vallonné, avec des fermes, des champs, et de jolies petites maisons bien propres sur elles. Remontant vers le Massachussets, les C déjeunent dans un routier (avec la mention "truckers welcome" sur la porte), puis repartent en direction d'un petit parc à la frontière du Connecticut, le Bigelow Hollow State Park (papa et maman C l'ont choisi pour son nom). Il y a là un joli petit étang dont on peut faire le tour (pour la plus grand joie des petites C), et un lac un peu plus grand, où des locaux font du bateau, mais il n'y a pas de lieu de baignade, ce qui navre les petites C.

Nos héros repartent donc, passent la frontière du Massachussets, et trouvent à quelques kilomètres de là, dans une bourgade nommée Holland, un tout petit lac (le lac Siog), avec une plage publique, quasiment déserte. C'est un tout petit lieu de baignade, entretenu par l'armée américaine, avec des tables de pique-nique, des barbecues collectives, des sentiers de randonnée, et une toute petite plage avec un petit bassin délimité par des flotteurs. L'eau est assez chaude, et toute la famille se baigne.

Vers six heures, les C réembarquent, destination Concord, en grande banlieue de Boston, où il est prévu, le lendemain matin d'aller rendre hommage à Thoreau, Emerson, et madame Alcott (l'auteur des quatre filles du docteur March). S'ensuit une longue promenade, bucolique à souhait, au milieu de régions assez densément peuplées (il y a rarement plus de cent mètres entre une maison et la suivante, même à la "campagne"), avec beaucoup de verdures et de lacs. Les C arrivent à Concord vers sept heures et demi, ils ont faim, et maman C est fatiguée par cette route, un motel, même coincé entre deux autoroutes leur fera le plus grand bien.

Sauf que, si trouver un motel en banlieue de Hartford a été très facile, la chose semble plus difficile en banlieue de Boston. A l'approche de Concord, on traverse une série de banlieues cossues, sans le moindre centre commercial, et surtout sans motel. Ils en aperçoivent un, à la sortie d'une autoroute, qui a une apparence tellement effrayante qu'ils n'y entrent même pas (à la limite du camp de réfugié), puis en voient un second, tenu par une grande chaîne hôtelière, qui tient davantage du club med que du motel, et qui de toutes façons est complet.

Il est maintenant huit heures, les C traversent Concord, puis Lexington, la nuit tombe, et toujours pas de motel à l'horizon. Comme maman C a faim, on s'arrête dans une pizzeria, où l'on mange, puis on demande des adresses. Le patron appelle un hôtel du coin, également complet. Il est maintenant neuf heures, et les C repartent, un peu inquiets. La facilité à trouver un motel, hier, relevait apparemment de la chance des débutants, ou du fait que personne ne va passer ses vacances à Hartford Connecticut.

Nos héros sont repartis, les petites C sont fatigués, les parents scrutent l'horizon, à la recherche d'un signe hôtelier, n'importe lequel, ils traversent Lexington, puis Arlington, où ils trouvent une auberge, dont le portier, plutôt sympathique, explique qu'il a bien une chambre, dans les 250$, mais qu'il préfère la montrer avant, parce qu'elle ne plait pas à tout le monde... Effectivement, la chambre est une sorte de petit appartement, très spacieux, mais aménagé dans une cave, aveugle. Papa C décline.

Après Arlington, Cambridge. Ils se rapprochent dangereusement de Boston centre, et il est certain qu'on n'y trouvera pas de motel. Les C s'éloignent donc du centre, se retrouvent dans Watertown, nettement moins chic, où ils trouvent un motel... complet. Il est près de vingt deux heures.

Papa C entre dans une autre pizzeria, interroge la serveuse, qui leur explique d'aller tout droit, et de tourner à la station Mobil, puis tout droit encore. Ils seront à Waltham, où il y a plein d'hôtels. Les C obéissent, trouvent sans difficulté la station Mobil, et se retrouvent dans une banlieue déserte, sombre, avec derrière eux une voiture qui semble pressée, la musique à fond. On se croirait dans un mauvais film. En continuant, ils arrivent à une bretelle d'autoroute, montent la rampe, et découvrent à leur droite une forêt de néons, Holiday Inn, Hilton, Best Western, Ramada. On se croirait toujours dans un mauvais film, mais à la fin.

Papa C avise le premier hôtel en vue, un Best Western, y prend une chambre petite mais coûteuse (et pas forcément plus confortable que celle de la veille). Toute la maisonnée y monte, rassurée. Pour papa C, la leçon est apprise: on réserve son motel la veille sur internet.

Et, ironie du sort, un coup d'oeil à la carte lui montre que leur hôtel est presque à côté de la pizzeria où ils ont dîné...


dimanche 2 août 2015

Quatorzième jour - Hit the road, C.

Depuis le début, le voyage des C en Amérique repose sur un compromis. Maman C, qui passe le plus clair de son temps à la campagne, veut voir la ville, et donc New York. Papa C, qui passe ses semaines à la ville, veut voir la campagne, et donc l'Amérique profonde (ou au moins campagnarde). 

Aussi, après deux semaines passées à New York, il a été convenu qu'on louerait une voiture pour visiter la nouvelle Angleterre.

Ce matin, les C ont donc pris un taxi pour la gare de banlieue de la 125ème rue, puis un train qui les a déposés à North White Plains (au nord de Yonkers, pour ceux de nos lecteurs qui  nous suivent la carte à la main). Pourquoi North White Plains? D'abord, parce que maman C, ayant vu la façon dont les New Yorkais conduisent, a absolument refusé qu'on loue à New York. Ensuite, parce que c'est assez près de New York. Enfin, parce qu'il y avait un loueur (Hertz) juste en face de la gare. 

Vers dix heures, après quelques complications initiales tenant au fait que la voiture avait été payée avec la carte de papa C et que c'était maman C qui allait conduire (Hertz n'a apparemment pas l'habitude de traiter avec des couples), maman C s'installe au volant d'une grosse Nissan, genre voiture de jeunes retraités aisés, papa C s'installe à l'avant avec ses cartes sur les genoux (Hertz ne connait pas non plus le GPS de série), et le road trip commence. 

Après un petit tour dans Greenwich (belles maisons), les C longent la côte en direction de New Haven, prennent au nord à Bridgeport, avant de s'enfoncer dans les petites routes qui mènent à la rivière Connecticut. A midi, ils sont à Durham CT, dans une pizzeria, maman C maintenant à l'aise avec la conduite américaine, papa C bien dans ses cartes routières, et les petites C silencieuses face à leurs raviolis. 

Après déjeuner, ils se retrouvent à Essex, quelques kilomètres en amont de l'embouchure du fleuve, où se trouvent un train à vapeur et un bateau à trois ponts, avec de grandes cheminées façon Mississippi, qui remontent la rivière. C'est une vraie attraction américaine, chère, mais très riche (ça dure près de trois heures), avec beaucoup d'explications historiques, géographiques et même géologiques, de nourriture, et de sodas colorés. 

Vers cinq heures, papa C propose d'aller à la mer s'y tremper les pieds. L'idée parait simple, car la côte n'est qu'à quelques kilomètres. Sa réalisation est plus difficile : dans cette région, la majorité des plages sont privées. Les C tournent donc, de drive en lane, de terrace en alley, voyant souvent l'Atlantique, mais sans jamais l'atteindre. Ils vont se consoler chez un marchand de glaces, et reprennent la route pour leur destination finale, le parc des dinosaures juste au sud de Hartford. 

Ils y arrivent vers huit heures, repèrent le parc où ils iront demain, trouvent au bord de la route un motel très bon marché, coincé entre un centre commercial et une bretelle d'autoroute, et s'y endorment du sommeil du juste.

samedi 1 août 2015

Treizième et dernier jour

Après la molle douzième journée, les C se sentent obligés, ce matin, de se racheter en se fixant un objectif culturellement irréprochable. Ils partent donc, de bon matin, pour le MoMA, le dernier grand musée qui manque à leur palmarès New Yorkais.

Ils y arrivent pour l'ouverture, ce qui leur épargne la cohue. C'est nettement plus petit que le Met (quoiqu'aussi cher), l'exposition temporaire du moment (Yoko Ono) est sans intérêt, et l'art contemporain, qui occupe un étage porte l'avertissement: peut heurter de jeunes publics. En fin de compte, il reste trois étages visitables sur six. Le premier étage (post impressionnisme, cubisme, modernisme), est remarquable, avec beaucoup de tableaux très célèbres (la nuit étoilée de Van Gogh, les demoiselles d'Avignon, la jungle du Douanier Rousseau), et une très belle collection de Picasso. La suite dépend de l'intérêt du visiteur pour l'art conceptuel (un ready made, ou un monochrome, pourquoi pas, dix d'affilée, ben...) La troisième étage est consacré au design et aux dessins, avec quelques affiches, un peu de Warhol.

Le tout est expédié en deux heures, et papa C se dit qu'il aurait été déçu s'il avait visité ce musée au début, mais qu'en deuxième semaine, quand on en a un peu assez, ça convient parfaitement (mais si on lui demandait son avis, papa C vous dirait probablement qu'il n'y a à New York que deux musées d'art : le Met, et la Frick, où il compte bien repasser s'il a le temps à la fin du séjour).

Après le MoMA, les C descendent vers l'East River, où le guide de maman C recommande un restaurant indien (pour une raison inexpliquée, depuis qu'on est à New York, maman C veut manger indien). Ils mettent un certain temps à y descendre, mais le repas est effectivement excellent.

Ensuite, les C décident de rentrer à pied. Ils remontent donc la soixantième rue, longent Central Park South (trop tape à l'oeil, selon maman C), puis prennent Broadway puis Colombus, à la recherche d'une papeterie de l'upper west side que recommande le guide de maman C, et qui s'avère un peu décevante. Papa C trouve à côté (toujours grâce au guide) un marchand de livres d'occasion, où il trouve Elliot et Stevens, les deux poètes qui manquaient à sa liste de course.

Les C remontent ensuite Amsterdam, retrouvent la vendeuse de glaces qui alimente les petites C en soda floats (maman C prend un milkshake, papa C rien, vu qu'il tousse). Puis, tout le monde rentre à la maison pour préparer les bagages, car ce treizième jour est le dernier du séjour des C à New York. Demain, ils partent pour près de deux semaines, et commencent la seconde partie de cette aventure :

les C, le road trip.





vendredi 31 juillet 2015

Douzième jour - les C à la piscine

Un vent de lassitude flotte sur la maison C. Il fait chaud et humide, ils ont mal aux pieds, les visites indispensables sont faites, et un observateur attentif sentirait chez eux comme une envie de vacances, de journées où, au lieu de courir son guide vert à la main, et de tenter de cocher des cases sur la liste du parfait routard, on ne ferait rien, ou pas grand chose, en tout cas rien de touristiquement valorisable.

Ce matin, les C émergent tard, vont à pied vers Colombus avenue, déjeuner dans une sorte de chaîne latino-américaine, où l'on propose au menu des hamburgers, du poulet avec des haricots noirs et du riz, et du poulet grillé. Le déjeuner expédié, ils vont à pied vers le nord de Central Park, où se trouve la piscine gratuite qu'ils ont repérée le premier jour. Devant le parc, presque au coin de Central Park West et Central Park North, ils repèrent une sorte de château fort en briques rouges, avec des poivrières en ardoise, des fenêtres en pierre, qui occupe un bon pâté de maison, et est apparemment loué comme appartements. Les C n'ont pu entrer, mais on trouve sur l'internet des photos de l'intérieur...

http://ny.curbed.com/archives/2012/05/03/central_park_wests_craziest_apartment_now_just_10_million.php

Ils arrivent à la piscine au moment où elle ferme. Elle est ouverte de onze heures à trois heures, puis de quatre à sept. Les C vont donc attendre sur une pelouse, puis reviennent vers quatre heure moins le quart, faire la queue. La piscine est gratuite, mais chaque nageur doit avoir sur lui un maillot de bain et un cadenas (pour ses affaires), et les sacs sont systématiquement fouillés. Les C le savaient, mais le contrôleur leur explique que leur cadenas (celui de leurs valises) n'est pas sturdy enough, et que cela encourage le vol. Après une courte négociation, il est convenu que les C pourront malgré tout se baigner si l'un d'eux garde les habits, rendant inutile la possession d'un cadenas. Papa C, qui de toutes façons a toujours mal à la gorge, se dévoue, et va boire un iced tea sur un banc, en regardant des américains s'entraîner à la pêche à la mouche sur Harlem Meer, en écoutant ses deux voisins de banc en conversation animée sur le retour du messie, et en tentant de lire un recueil de Hart Crane acheté la veille. 

Vers 17h30, de l'autre côté de la grille, les trois nageuses font signe qu'elles souhaitent sortir. Papa C leur rend leurs affaires, et tout le monde rentre, tranquillement, à la maison. 

C'est la fin de cette douzième journée, la plus vacancière à ce jour.

jeudi 30 juillet 2015

Onzième jour - La naissance de Violette

Ce matin, les C se séparent. Maman et l'aînée veulent aller voir la Frick Collection, mais celle ci est fermée aux enfants de moins de 10 ans. Il est donc convenu que papa C ira se promener avec la plus jeune, et qu'on se retrouvera vers une heure pour manger un sandwich deux sac à dos dans le guide de maman.

Pendant que la partie intellectuelle de la famille s'achemine vers la Frick, papa C et sa fille descencent à Columbus square, longent le parc au sud et tournent au sud dans la cinquième avenue. C'est l'heure où les touristes font la queue devant les magasins qui vont ouvrir (Abercrombie, Hollister). Papa C cherche un magasin au coin de la 46ème rue, qui semble avoir disparu. Il interroge le portier d'un gratte-ciel voisin, qui lui confirme le déménagement de la boutique, qui se trouve maintenant sur la 34eme, près de l'Empire State. Les deux C descendent donc une dizaine de blocs, et trouvent l'enseigne "build a bear". On y vend des ours en peluche, que l'on fabrique soi même : on choisir sa fourrure, éventuellement une musique et une odeur, on fait un voeu et on met un petit coeur en tissu dans l'ours, on appuie sur la pédale qui envoie le rembourrage. Puis, on habille l'ours, on lui donne un nom, et il reçoit un certificat de naissance.

Il y a des ours de toutes natures: des ours classiques, des ours disney, des ours star wars, des ours harry potter, des ours batman, des ours mon petit poney (si si!). La petite C choisit un ours bleu et violet, dont les oreilles s'allument quand on lui serre la patte, et avec de petites ailes argentées et des étoiles brillantes sur le corps, qui répondra ou prénom de Violette.

L'ours sous le bras, bien rangé dans une petite boîte en forme de maison, les deux C remontent la cinquième, vont remercier le portier qui leur a donné l'adresse, puis s'arrêtent dans un deuxième magasin; où l'on vend des poupées. La principale marque s'appelle "Truly me", et c'est comme ils disent: on a des poupées brunes, blondes, noires, latines, asiatiques, indiennes, et quatre étages d'accessoires, notamment un salon de beauté où les petites filles (et leurs mamans, qui semblent adorer cela), emmènent les poupées se faire débarbouiller et coiffer. Il y a des habits de poupées, des lunettes de poupées, des chaussures de poupée, des chaises et même des voitures de poupées. Tout cela est bien évidemment hors de prix... (la poupée "de base" est à 150$)

Les deux C ayant encore un peu de temps, ils remontent la cinquième, à la recherche du magasin de jouet le plus connu, FAO Schwarz, et ne le trouvent pas. Un policier interrogé par papa C leur explique, des sanglots dans la voix, qu'il a fermé il y a quelques semaines, sera bientôt remplacé par un Apple Store, et rouvrira peut être vers Time Square, mais ce n'est pas certain.

Un peu déçus, papa C et sa fille vont se remettre dans un Starbuck's, puis rejoignent le reste de la famille à la sortie de la Frick. Ils s'acheminent alors vers le marchand de sandwiches recommandé par maman C, y déjeunent, et continuent leur route, entre deux averses (il pleut des trombes par intermittence toute cette journée), jusqu'au Dylan Candy Bar, trois étages de bonbons en vrac, vendus à des prix défiant toute concurrence. Les petites C y trouvent des jelly belly parfum vomi, à cinq dollars le sachet, ce sont probablement les bonbons les plus absurdement chers du monde. Puis, on repart, entre deux averses, direction le Meatpacking district, où le Whitney museum vient d'emménager.

Le Meatpacking district est à la frontière de Greenwich Village et de Chelsea, au bord de l'Hudson. C'est donc le coeur palpitant du boboland New Yorkais. Papa C se dit souvent que New York ressemble par certains aspects à Paris ou à Londres, mais en plus exagéré. On y trouve le même snobisme de capitale, la même obsession jeunisante, et surtout cette façon qu'ont des populations aisées de cadres du tertiaires de se revendiquer de quartiers artistes ou ouvriers dont elles ont chassé les habitants.

Meatpacking est un de ces quartiers bernard l'hermite. Dans d'anciennes halles dont on a su préserver l'aspect ouvrier et un peu délabré fleurissent des enseignes à la mode, des cantines ethniques, qui servent dans un cadre se veut simple et populaire, une nourriture bio, compliquée et onéreuse à une population qui soigne son apparence artiste et négligée. Un peu plus loin, des galeries d'art attendent les rebelles en quête de placements défiscalisés. Quelques rues plus loin, les bons jours aux bonnes heures, on doit pouvoir trouver des étals de tomates anciennes (heirloom, dans le sabir local).

Bien sûr, on est à New York, et tout y est plus grand, plus fort, plus extrême, mais du point de vue de papa C, c'est le quartier le moins intéressant qu'ils aient vu jusqu'ici: un décor de carton pâte qu'on retrouve dans la plupart des grandes villes, où se retrouve une population uniformisée et du coup pas très intéressante. La bohème, comme disait l'autre, ça ne veut plus rien dire du tout.

Le nouveau Whitney Museum s'élève au milieu du quartier. Comme tout musée d'art moderne (ce sera pareil au MoMA), il attire une clientèle un peu snob et standardisée. Il est uniquement consacré à l'art américain contemporain. Comme souvent pour l'art contemporain, les premières salles sont les plus intéressantes et les plus denses. Après, on a beaucoup de conceptuel, et on compense le peut d'oeuvres par la taille des installations. Le musée contient quelques vaches sacrées, un petite collection de Hopper, des bouteilles de coca de Warhol, un tableau d'EE Cummings. C'est un peu décevant par rapport au Met (mais tout est décevant par rapport au Met), mais cela fait une bonne visite d'après midi.

Après le Whitney museum, les C prennent la high line, promenade piétonne installée sur une ancienne ligne aérienne de métro (ou de train). C'est très bien fait, propre, sans prétention, avec d'assez beaux points de vue, ce qui surprend toujours dans une ville aussi haute. Plusieurs attractions sont disséminées sur le parcours: les inévitables percussionnistes, de l'art moderne subventionné (et pas forcément très imaginatif), et vers la fin un énorme atelier où les passants sont invités à construisent une copie de Manhattan en Legos. Les petites C s'en donnent à coeur joie.

La High Line ramène les C à la 34eme rue et au métro. Ils ont mal aux pieds et sont contents de rentrer. Les petites C installent Violette sur le canapé et la couchent.


mercredi 29 juillet 2015

Dixième jour - Harlem Globetrotters

Nous l'avons déjà dit, le tourisme à New York n'est pas précisément bon marché, presque tout est payant, et cher. Aussi, quand le billet du Metropolitan donne accès, dans la semaine qui suit, aux Cloisters, musée médiéval du nord de Manhattan, sachant que ce musée est coté trois étoiles sur le guide vert de papa C, et trois sacs à dos sur le guide du routard de maman C, les C se jettent sur l'occasion.

Ils partent de bon matin, et atteignent Fort Tryon, un parc situé le long de l'Hudson, au nord de l'île. Le quartier, désert à cette heure là, a un petit côté provincial, et les rives de l'Hudson, à l'exception notable de l'autoroute qui les longe, sont très vertes et calmes. Une promenade d'un quart d'heure environ mène aux Cloisters, étonnant musée qui regroupe de vieilles pierres européennes achetées par des collectionneurs et transportées à New York. L'ensemble est un peu hétéroclite (on passe du nord de la France au sud de l'Espagne et à l'Italie parfois dans la même salle), mais la reconstitution très belle, et la conservation irréprochable. La visite alterne des parties intérieures, souvent des chapelles, et des extérieurs, en général des cloîtres. Comme toujours, c'est assez grand pour qu'on ne soit pas trop serrés (rien à voir avec un équivalent européen).

La visite terminée, les C traînent un peu dans le parc voisin, puis reprennent le métro vers la 160eme rue, où papa C a repéré des choses à visiter. Ils y arrivent vers treize heures. Les C ont terriblement faim, mais sont dans un quartier pas spécialement favorisé, et aucune des échoppes ne fait terriblement envie. Après un quart d'heure d'hésitation, maman C désigne un restaurant nommé Jimbo Hamburger (avec la mention "le meilleur hamburger de New York", ben tiens...), et annonce d'une voix forte "on va là!" Papa et les petites C, qui savent qu'il ne faut jamais contrarier une maman C affamée, opinent, et entrent.

L'intérieur a quelque chose de déjà vu dans des séries. Carreaux blancs aux murs et au sol, quelques tables en bois, avec des chaises, un comptoir devant le fourneau, avec des tabourets, une télé allumée fort sur un programme en espagnol, une clientèle noire et âgée, et un petit livreur en gilet fluo et casque de vélo devant la porte. Les C commandent quatre hamburgers avec des frites, qui coûtent le prix d'un sandwich et demie dans un musée du centre ville. C'est assez copieux, plutôt typique, mais la viande craque un peu sous la dent, et les frites font un peu peur. Maman C mange, parce qu'elle a faim, papa C, parce qu'il finit toujours son assiette, mais l'aînée des petites C, qui semble terrifiée par cette cantine bon marché, ne mange presque rien. Elle déclarera à la sortie qu'elle ne mangera plus jamais de hamburger et n'ira plus jamais au McDo (papa C pense que c'est trop beau pour être vrai...)

Le repas fini, les C s'acheminent vers leur prochaine étape, Jumel Mansion, une maison coloniale en plein centre de Harlem. Elle est au milieu d'un jardin public, apparemment fermée, mais si on sonne à la porte, un monsieur d'un certain âge ouvre, fait entrer, et on peut visiter (c'est assez cher, comme toujours). La maison a apparemment été construite en 1765, ce qui en ferait la plus ancienne de Manhattan, puis acquise par une famille de marchands d'origine française, les Jumel, qui l'ont meublée d'un mélange de mobilier empire et de meubles américains. Les murs sont tendus de papiers peints qu'on dit importés de France. La visite est assez courte, mais l'endroit est curieux.

Les C continuent leur descente dans Harlem, essayant tant bien que mal de digérer les hamburgers de ce midi, qui récalcitrent. Ils traversent une étonnante université, au style un peu britannique, mais construite en briques brunes typiques de la région, et arrivent à leur destination finale, la Hamilton Grange, maison d'un des pères fondateurs (ministre des finances de Washington, fondateur de la banque centrale, et du système financier). Comme le mausolée du Général Grant, vu il y a quelques jours, la Grange appartient aux parcs nationaux, et la visite est gratuite (les C sont sidérés).

Il s'agit de la maison qu'Hamilton, au sommet de sa puissance, avait fait construire en grande banlieue (à l'époque, à une heure et demi de voiture de Manhattan), pour y installer sa femme et ses enfants. Il n'en a pas profité longtemps, car il est mort en duel deux ans après qu'elle ait été construite, mais sa veuve y est restée jusqu'à la fin de sa vie, avant d'en faire don à la paroisse voisine. La maison devint donc chapelle, et fut peu à peu prise entre les immeubles de Harlem. Elle a été déménagée à deux reprises, à quelques centaines de mètres de son emplacement d'origine.

Comme la Jumel Mansion, on y voit un intérieur reconstitué, avec quelques portraits, et quelques expositions sur Hamilton. Papa C trouve cela très intéressant, maman C se bat contre son déjeuner, les petites C ont chaud.

La visite finie, les C prennent le métro et rentrent. Cette journée aura été la plus chaude depuis leur arrivée, la météo annonçait 36°C.


mardi 28 juillet 2015

Neuvième jour - Carte bleue galore

Bon, le tourisme, la culture et la couleur locale, c'est bien, mais cela fera demain dix jours que les C sont en Amérique, et en dehors de trois paires de chaussures et quelques cartes postales, ils n'ont quasiment rien acheté. Cela les inquiète, car en dehors de ce blog, qui pourrait aussi bien avoir été écrit par papa C d'un Starbuck's parisien, un guide du routard sur les genoux et avec quelques photos piquées sur Wikipedia, sans emplettes locales, sans super affaires faites là bas, sans trucs incroyables obtenus pour une bouchée de pain, ou payés très cher mais introuvables en France, il va être difficile de prouver la réalité de ce voyage, si peu conforme à la nature casanière des C.

Donc, ce midi, après une matinée légère, suivie d'un robuste déjeuner dans une pizzeria d'Amsterdam Avenue, les C prennent le métro, direction la quatorzième rue et Union Square. Comme c'est papa C qui tient les cartes (le plan de la ville, la carte de métro et la carte bleue), c'est lui qui fait le programme, qui commence, bien naturellement par une librairie. Il s'agit du Strand, une sorte de Gibert Joseph qui prétend avoir plusieurs dizaines de miles de rayons (et donc d'être, comme de bien entendu, la plus grande librairie du monde) Ce n'est peut être pas vrai, mais le choix est très large, et c'est assez bon marché. Papa C en ressort avec deux gros sacs de poésie américaine, les petites C avec un livre en français (l'aînée a bientôt fini tous ceux qu'elle avait emportés) et deux sucettes (myrtille et pastèque-myrtille). Maman C n'a rien: la vie est injuste.

Remontant sur Union Square, les C entrent dans... une autre librairie, le vaisseau amiral de Barnes et Nobles, six étages de livres, papeterie, souvenirs, jeux, nourriture. C'est moins dense que le Strand, mais très tentant, maman C y trouve des sacs, de la papeterie, papa C quelques livres de plus, les petites C une lampe pour lire au lit, et des versions anglaises de livres lus en français (Matilda, forcément, un tome des mémoires d'une grosse nouille, en anglais Dork Diaries, un Tea Stilton, un livre sur les minions). Les parents C achètent aussi des cartes routières et des guides pour la partie suivante de leur voyage (bientôt sur cette antenne).

A la sortie de la seconde librairie, les C commencent à être passablement chargés. Il va falloir revenir, c'est une certitude. Ils continuent cependant à remonter Broadway, et arrivent à Macy's. ils cherchent un cartable pour la plus jeune C, mais ne trouvent rien (ou seulement à des prix prohibitifs). En revanche, au rayon mode enfant, trois robes sont achetées pour les petites C. Ils sont désormais possesseurs d'un sac Macy's en papier, qu'il pourront exhiber fièrement à leur retour.

Ils continueraient bien, mais le poids des livres de papa C rend leur progression difficile. Les C rentrent donc, mangent chinois. Ce soir, c'est du Chicken Lo Mein, donc des nouilles frites au poulet. Le nom ressemble furieusement au Chicken Chow Mein d'il y a quelques jours, mais là, c'étaient du chou en sauce avec du poulet. Le chinois new yorkais est une langue mystérieuse.







lundi 27 juillet 2015

Huitième jour - Les C dans le Bronx

Le planning quotidien des C s'établit généralement le matin, quand maman C émerge au son des bruits de la rue. La question rituelle est "on fait quoi aujourd'hui?", ce à quoi papa C répond "je ne sais pas". Ce matin, il est décidé d'aller au zoo du Bronx. le départ est un peu lent, et le zoo un peu loin. Les C y arrivent vers onze heures.

Le trajet en métro (aérien, comme la plupart du temps en dehors de Manhattan) montre une banlieue nettement moins chic que ce à quoi les C sont habitués (à force de ne traîner que dans les beaux quartiers). Et effectivement, le trajet de la station au zoo, sans être tout à fait digne d'un mauvais film avec Charles Bronson, abime un peu la belle image du nouveau New York propre sur lui et sans carreau cassé. On ne s'y sent pas pour autant en danger, ceci dit.

Le zoo est à l'échelle américaine : il coûte cher (120$ pour les quatre C quand même), il est immense (plus de cent hectares, pour comparaison, le zoo de Vincennes en fait une quinzaine), il y a beaucoup d'animaux dans de grands enclos, et pas énormément de monde. C'est la principale différence avec les équivalents européens: en Amérique, comme tout est grand, on n'est presque jamais serrés, que ce soit au Metropolitan ou au zoo du Bronx, la seule exception étant peut être la Statue de la Liberté.

Les C font les touristes, ils y arrivent très bien maintenant. Il font un tour de monorail, qui passe au dessus des enclos, et permet de voir une sélection de bêtes, puis vont voir la savane africain, les gorilles, les babouins, les ours, les rhinocéros, et les serpents, et les insectes, et...

En dehors des bêtes et des enclos, le parc est très joli, avec un mélange de jardins et de pavillons aménagés et parfois un peu kitsch, et de zones boisées et de petites rivières. Mais le zoo est trop grand et ferme à cinq heures. Les C n'auront pas le temps de tout voir, et ratent les lions et les tigres.

Ayant peu envie de découvrir davantage le Bronx, les C rentrent, mangent chinois, et se préparent à la journée suivante, qui sera dédiée au shopping...

dimanche 26 juillet 2015

Septième jour - Village pipole

Ce Dimanche, les C ont rendez-vous avec Léon, un ami de papa C, qui vit à New York avec sa femme, Marina, et son fils, Alexei. Il habite au bas de la cinquième avenue, vers Washington square, dans le west village, l'équivalent local du quartier latin. Les C prennent donc le métro, ce qui donne à papa C l'occasion d'entretenir son mal de gorge (qui sans cela finirait par guérir), et retrouvent leurs amis qui les emmènent déjeuner dans un restaurant du quartier. C'est assez chic, il y a du vrai pain sur la table (et les club sandwiches sont faits avec de la baguette), des serveurs pas trop présents, et pourtant pas plus cher que certains des bistrots où les C sont allés les premiers jours. Papa C y boit son premier verre de vin américain, un blanc des Finger Lakes (dans le nord de l'Etat de New York), qui rappelle un Mercurey, en plus léger. Les petites C mangent des hamburgers qui n'ont pas grand chose de commun avec ce qu'on sert en Europe sous ce nom.

Après déjeuner, ils vont se promener dans Greenwich Village, qui est comme on l'imagine: propre sur soi, artiste mais pas maudit, jeune mais pas trop, avec ce qu'il faut de français dans les noms des bars pour faire éduqué, et des immeubles de briques brunes bien restaurés. C'est en revanche extrêmement central.

Après un tour sur les quais de l'Hudson, aménagés et frais, les C prennent congé de leurs amis, et se dirigent vers Union Square. Parce que, je ne sais pas si vous avez remarqué, mais cela fait une semaine qu'ils sont là, et ils n'ont toujours pas fait de courses. Si cela continue, ils vont avoir l'air ridicules quand ils rentreront.

Les C remontent donc la 14eme rue, passent Footlocker, Levi Strauss et les autres, et aboutissent, sur Union Square, dans une sorte de halle géante où l'on vend des chaussures, beaucoup de chaussures, d'hommes, de femmes, de ville, de sport. Ils en repartent avec trois paires de baskets (dont deux pour maman C) Ainsi chargés, ils remontent Broadway (la mal nommée), puis la cinquième avenue, passent le Flatiron, puis l'Empire State Building, et finissent, fourbus, dans un Wendy's (comme un McDo en plus local) pris d'assaut par des touristes chinois, où ils boivent de la limonade (avec le café au lait et aux glaçons, la boisson la plus courante ici).

Une dernière reconnaissance le long de la 34ème rue leur révèle Macy's. Un peu plus tôt, papa C a repéré le Barnes et Nobles d'Union Square. Ils reviendront y faire chauffer la carte bleue.

Puis, retour à Upper West Side, avec un petit détour par Harlem, étant donné que leur ligne est en sens unique le week-end. Ce sera tout pour aujourd'hui. C'était un septième jour, après tout.

samedi 25 juillet 2015

Sixième jour - Les C à la plage

Nos lecteurs les plus attentifs se souviendront probablement qu'il y a quelques jours, les C ont raté le pont de Brooklyn. Ils y retournent donc ce samedi. Papa C a dressé la veille un plan de bataille complet, avec les lignes de métro à prendre, les stations où descendre. Ce n'est pas très compliqué (c'est direct depuis chez eux), mais ce genre de préparatif donne à papa C l'impression d'être indispensable. Ne l'en privons pas.

Ce matin, donc, les C ont pris le métro, ligne D pour Coney Island, sont descendus à l'Hôtel de Ville, et ont suivi la meute des touristes qui, comme eux, traversaient le pont. On y rencontre aussi quelque joggers, soit des distraits qui se sont perdus en allant à Central Park, soit des pervers cinéphiles (il y a bien un film célèbre ou chaipuqui traverse le pont de Brooklyn en courant, hein?), parce que, sérieusement, courir au milieu des touristes, il faut être un peu tordu!

 Le pont traversé, les C suivent le flot, et descendent sur les quais de l'East river, joliment aménagés. On y trouve des joggers (forcément), des jeunes couples avec des poussettes, des emplacement de barbecue publics (trustés par les locaux), des touristes, et même des kayaks qui évoluent sur la rivière dans un bassin. C'est gratuit, mais la queue semble longue et le bassin petit. Les quais descendus, les gratte ciel de Manhattan photographiés, les C piquent vers l'intérieur, à travers de jolies rues arborées, bordées de maisons de briques brunes avec des perrons en pierre et des échelles d'incendie. On se croirait, une fois encore, dans Sesame Street. ils atteignent finalement une station de métro.

 A l'origine, le programme des C prévoyait qu'ils aillent au jardin botanique de Brooklyn, pas aussi beau que celui du Bronx, mais très calme et agréable, leur avait on dit. Mais la mention Coney Island sur le métro du matin a réveillé chez papa C des souvenirs de montagnes russes et de bords de mer dans les livres et les films de son enfance, et la seule mention du mot plage a fait frétiller les petites C. Par ailleurs, Maman C, consultant la rubrique Coney Island de son guide, a déclaré qu'il fallait y manger des hot-dog (activité qui figure assez haut sur la liste des "choses à faire" de papa C). Cette avalanche d'arguments a raison de tous les programmes préalablement établis.

Les C prennent un métro, puis un autre, et en ressortent à Coney Island. Il est treize heures, a perfect time for chien chaud. Il est difficile de rater Nathan's, la Mecque du hot-dog New Yorkais (dixint les deux guides de papa et maman C): il occupe un bon pâté de maison, il doit y avoir une bonne centaine de caisses, généralement tenues par de jeunes asiatiques à l'anglais approximatif. Les C en ressortent munis de quatre hot-dogs "regular", et d'un sachet de "french fries" qui confirment la rumeur selon laquelle "french" ne veut pas dire "français". Le passage au stand condiments permet d'initier les petites C à la relish (il est prévu d'en ramener en France). Papa C tente vainement de leur expliquer la différence entre la moutarde "deli" et la moutarde "honey", qui sont toutes deux douceâtres à cause du sucre qu'on met dedans, mais la "deli" a des grains de moutarde, alors que la "honey" non. Le premier tour de hotdogs est un franc succès, et papa C recommande une seconde série, plus aventureuse.

Ainsi lestés, les C vont à la mer. On traverse pour cela un parc d'attraction moderne, pâle reflet des montagnes russes et des manèges rouillés des polars d'antans, puis une longue promenade de planches, avec les inévitables marchands de glaces, et quelques locaux déguisés en super héros qui se font prendre en photo (et qui ont bien du courage, le déguisement de Batman, par cette température, fait assez peu envie). Passée la promenade, on se retrouve sur une plage de sable fin, déserte parce qu'avec le soleil le sable est brûlant. Les baigneurs et leurs familles se concentrent le long de l'eau, où il faut aussi jouer des coudes. Les C se faufilent donc, et longent la mer, mouillant le bas de leurs pantalons. L'ambiance est populaire, familiale et détendue. On y est nettement moins mince que dans Manhattan, on y parle davantage espagnol, aussi. Quelques kilomètres plus tard, c'est toujours aussi dense, mais l'espagnol fait place au yiddish et surtout au russe, on approche de Brighton Beach. Sur le front de mer, les rabatteurs des cafés abordent les clients en russe.

Comme il commence à faire très chaud, les C décident de reprendre le métro pour le jardin botanique, mais il est convenu qu'on reviendra à la plage, avec les maillots de bain (et un parasol). Après une pause dans un Dunkin Donut, pour réhydrater la famille, les C visitent le jardin botanique, un grand parc bien entretenu qui, comme beaucoup de lieux publics New Yorkais, ferme assez tôt. Après le long retour en métro, qui leur permet de découvrir les joies des travaux d'entretien du métro (leur ligne est sens unique les week end, il faut donc remonter sur Harlem pour redescendre à leur station), les C achètent du chinois à emporter (chow mein et omelette foo yong, autant de choses qu'on ne rencontre qu'en amérique), et des produits locaux (maman C veut essayer le fluff, la crème de guimauve...), dînent et se couchent, satisfaits du devoir accompli.

vendredi 24 juillet 2015

Cinquième jour - vous reprendrez bien un peu de Vermeer?

Après un quatrième jour un peu paresseux, les C ont décidé de frapper fort. Aujourd'hui, ils vont au Metropolitan Museum.

Levés de bon matin, papa et maman C effectuent leur pélerinage quotidien à la pharmacie Duane Read, papa C pour acheter un sirop pour la toux (qui s'avèrera efficace, à la différence du phénol de la veille), maman C une crème pour les courbatures. Ce rituel effectué, les quatre C prennent le métro, descendent au musée d'histoire naturelle, traversent Central Park (ses joggers, ses cadres promenant leurs chiens, ses pelouses toujours vertes, ses immeubles autour), et arrivent au musée une demi heure avant l'ouverture. Comme la journée sera longue et qu'un camion de glace se trouve opportunément présent, maman C recharge ses batteries à millkshake, tandis que les deux petites C prennent des soda floats. Papa C a mal à la gorge, il ne prend rien (la vieillesse est un naufrage, je vous dis).

A dix heures, le musée ouvre, comme les enfants ne paient pas, il est relativement moins cher que les précédents (50$ tout de même). Les C commencent par la Grèce et Rome, une trentaine de salles très denses, très claires, et assez peu fréquentées. Ils traversent ensuite les arts d'Afrique et d'Océanie (c'est à peu près aussi grand, ils reviendront), pour se retrouver à la peinture du début du 20eme. La galerie est à l'échelle du Musée, il y a des Picasso, des Braque, des Léger, des Miro, des Klee, des Dali, des Tanguy, des Munch, et l'unité de compte est la douzaine. Toutes ces collections sont des donations, classées par donateur, ce qui est parfois un peu déroutant, car les époques et les artistes semblent mélangés. La matinée s'achève sur les égyptiens, il y en a vraiment beaucoup...

Après un déjeuner qui constitue probablement un record mondial en matière de prix du sandwich, les C décident d'aller voir la peinture européenne. C'est à l'étage, mais ils commencent par une petite collection particulière, où l'on peut voir une demi douzaine de Van Gogh, quelques Picassos, des primitifs, et une jolie série de français.

La peinture classique européenne est très impressionnante, Beaucoup de tableaux, même pour des peintres rares, comme Vermeer. Rembrandt occupe plusieurs salles. Goya une entière, comme El Greco. Mais le clou du spectacle, ce sont les impressionnistes, il y a probablement une cinquantaine de Monet, presque autant de Cezanne, des Van Gogh et des Renoir comme s'il en pleuvait. Et ils ont beau occuper quelques dizaines de salles, accrochées 'dense', on a l'impression qu'il n'y a pas de place pour les "petits auteurs".

L'impression générale est très agréable : on ne regarde pas vraiment, on flane au milieu des tableaux, en se jurant qu'on reviendra, et le musée est tellement grand qu'en dehors peut être des égpytiens, on n'a pas l'impression de cohue qu'on rencontre au Louvre ou à Orsay. Papa et Maman C sont conquis.

Les C quittent le musée à la fermeture, vers 17h. Ils y ont passé 7 heures, ils reviendront. Devant Central Park, ils prennent des milkshakes et des limonades, traversent le parc, prennent le métro, et dînent d'une soupe Campbell.

jeudi 23 juillet 2015

Quatrième jour - Doucement les basses

Nos héros sont fatigués, ce matin. Ils grassematent jusqu'à huit heures, puis décident de consacrer la matinée à des activités non touristiques. Papa C, qui tousse toujours autant, passera à la pharmacie, puis tentera de trouver une connexion internet, tandis que maman et les petites C iront (seules!) acheter des timbres et des enveloppes, puis iront au parc.

Papa C quitte donc la maison vers neuf heures, et se rend dans la pharmacie la plus proche. A New York, presque toutes les pharmacies semblent s'appeler Duane Reade. Ce sont des lieux étranges où l'on vend côte à côte des cigarettes, de l'alcool, des bonbons et des produits très peu diététiques, et des médicaments. Dans cette catégorie, mention spéciale au "test de paternité instantané", qui permet probablement de répudier une épouse volage ou de faire des économies de pension alimentaire.

Papa C explique son cas à la pharmacienne de garde, qui lui conseille un produit pour le mal de gorge. La composition indique "phénol", ce qui n'est pas très rassurant, mais c'est effectivement assez radical: un pschitt, et c'est comme si on n'avait plus de gorge.

Réconforté sur son sort, papa C, son ordinateur sous le bras, s'achemine vers le Starbuck's du coin de la rue. C'est une toute petite boutique, où l'on vend assez cher un mauvais café (deux dollars douze pour un verre d'eau tiède parfum café, avec éventuellement trois glaçons dedans), mais qui fidélise sa clientèle autour de deux offres : l'internet gratuit et les toilettes. Son affaire faite (l'internet gratuit, pas les toilettes), papa C retrouve le reste de la famille, de retour de la poste et du parc. Comme il est plus de midi, il est décidé qu'on ira déjeuner dans le quartier. Une courte promenade sur Amsterdam vers le nord, révèle un mexicain, où les C mangent des burritos qui ressemblent à tous les burritos du monde, à l'échelle près.

Une heure plus tard, sévèrement lestés, et ayant refusé l'offre de la serveuse de leur emballer le burritos et demi qui restait immangé, les C repartent vers le nord, dans le quartier de Morningside. On est dans l'Amérique de Sesame Street, avec des immeubles en briques brunes, des échelles d'incendie, des escaliers et des porches devant les maisons, des rues avec des arbres au dessus des trottoirs en ciment. Les C poursuivent leur route au Nord, et atteignent la cathédrale de St John the Divine, au coin nord ouest de Central Park. Elle est censée être la plus grande au monde, et est toujours en travaux, et a apparemment besoin de sous parce que l'entrée est à 10$ ("10$ pour une église!" dira maman C).

Autour de l'église se trouve un petit parc, avec des sculptures naïves en bronze.


Puis, les C continuent vers le Nord, traversent l'Université de Columbia, visitent la Riverside Church (c'est une journée lieux de cultes), et aboutissent au tombeau du général Grant, petit monument consacré au vainqueur de la guerre de Sécession.


Ils redescendent à travers Riverside Park, longue promenade sur les rives de l'Hudson, bordée de maisons bourgeoises. En arrivant, ils croisent un camion de glaces. Maman C et la plus jeune des petites C prennent des milkshake vanille (maman C déclare à cette occasion que demain elle tentera le milkshake chocolat). L'aînée des C s'essaie au soda float : une boule de glace flottant dans un verre de soda (au choix, coca ou root beer: courageuse mais pas téméraire, la petite C prend coca). Papa C ne prend rien, il a toujours mal à la gorge.

Après cette petite journée, les C sont reposés. Demain c'est décidé, ils verront grand, ils iront au Met!


mercredi 22 juillet 2015

Troisième journée - Les C font Wall Street

"Aujourd'hui, on va à Wall Street," déclara maman C vers sept heures, en finissant son bol d'Earl Grey, tandis que papa C lavait sa dernière bouchée de cheddar d'un verre de root beer, sous les regards affligés des petites C (qui ne perdent rien pour attendre, car papa C a repéré à l'épicerie d'en bas du fromage à tartiner aux myrtilles...)

Personne ne sait d'où vient cette passion que maman C éprouve pour Wall Street, mais elle en parlait déjà avant de partir, et sa décision n'est manifestement pas négociable.

Les C rallient donc la station de métro Amsterdam et 96, y achètent quatre cartes hebdomadaires qui vont leur permettre de sillonner l'underground, montent dans un wagon de la ligne une à destination de Battery Park, et en débarquent... devant le ferry qui va à la Statue de la Liberté (et en vue d'icelle). Devant l'excitation des deux petites C, il est décidé qu'on ira d'abord à la statue, et qu'on visitera Wall Street au retour. Au guichet d'information, papa C apprend que les prochaines réservations pour la visite de l'intérieur du monument sont pour Octobre.

Les C embarquent donc pour l'île, où leur est fourni un audioguide désopilant:
- levez la tête et regardez devant vous, vous voyez cette statue? (on est un peu là pour cela). Mais qu'évoque-t-elle vraiment pour vous?
(voix d'homme) pour moi la statue de la liberté, euh, c'est vraiment trop génial, car c'est le symbole de la liberté et de l'opportunité (hein? euh?)
(voix de femme) j'ai toujours voulu la voir, et lui rendre hommage, car pour moi l'opportunité, c'est... (et ainsi de suite pendant de longues minutes)



L'audioguide coupé, les C font le tour de la statue, au milieu des hordes d'asiatiques brandissant leurs perches à selfies en faisant des V avec leurs doigts, ou des touristes s'allongeant pour améliorer l'effet de contre plongée de la photo qui immortalisera, sur leur buffet, les narines de leurs proches, et la statue au dessus, ils prennent quelques photos, puis vont visiter la boutique de souvenirs.

On y trouve de tout : des statues de toutes tailles et de toutes matières, des déguisements de statue en latex (surprenez vos amis!), des oreilles de mickey de statue en mousse, des statues en verre remplies de sirop d'érable, des statues puzzle 3D à monter soi même, des drapeaux américains. Les petites C repartent avec un petit assortiment, consultable sur simple demande à leur retour.

Après la statue (qui vaut quand même le détour, soyons honnête), le ferry fait étape à Ellis Island et son musée de l'immigration, qui ressemble à tous les "lieux de mémoire" qui ont fleuri sur ce thème depuis une quinzaine d'années: politiquement correct, avec juste ce qu'il faut d'autocritique, de positif et de douceâtre, et terriblement ennuyeux. Comme la quasi totalité des touristes, les C font le tour du "mur de l'immigration" (un autre truc à la mode : les murs couverts de noms de victimes, de héros, d'inconnus, peu importe: il faut des noms, et qu'il y en ait beaucoup), et y trouvent ..; d'autres C ! (rien de surprenant, c'est fait pour!) Tout ceci se fait assez rapidement, et les C ne sont pas très bon public: ils ont faim, maman C veut voir Wall Street, papa C a pris des coups de soleil et a mal à la gorge. Les C veulent rentrer.

Ils rembarquent donc sur le ferry du bonheur (watch your step guys, hold the rail while walking the gangway guys, enjoy your trip, guys) et atterrissent, fourbus et affamés, à Battery Park sur le coup de treize heures. Les C ont faim, ils se mettent en quête d'un restaurant, mais se trompent de rue, et remontent West Street, sorte d'énorme autoroute en ciment et verdure, jolie mais peu nourrissante. Ils tombent alors sur le site du World Trade Center, monument très impressionnant: deux sortes de cuves en pierre noire où se déverse de l'eau, qui tombe à son tour, au fond, dans une autre cuve noire dont on ne voit pas le fond.



Derrière le World Trade Center, il y a (enfin) de quoi manger. Papa C, considérant qu'au troisième jour de leur voyage il est déraisonnable de n'avoir toujours pas mangé de pizza, les entraîne dans une échoppe où l'on mange des pizzas à la part, soit dans la rue, soit dans une salle à l'étage. Il y a des pizzas pepperoni, viande pimentée, aubergine et épinard, champignon bacon, et des jus de fruits exotiques (les jus, pas les fruits).

L'après midi, les C visitent Wall Street, qui est courte et étroite (c'est d'un décevant!), mais entourée d'immeubles magnifique, avec au bout une jolie église. Puis passent sur le port de l'East River, où sont amarrés quelques vieux bateaux, dont un quatre mâts allemand, le Pékin. Cette partie des quais, aménagée, est très agréable, avec une jolie vue sur Brooklyn. Il est alors décidé d'aller sur le pont de Brooklyn, mais les C, longeant la rivière, en ratent l'entrée, se perdent au milieu des échangeurs et des driveways et, quand il la trouvent enfin, quelques centaines de mètres à l'intérieur des terres, sont trop fatigués pour envisager la traversée, reportée à des jours meilleurs.

Sur le chemin du métro, un Dunkin Donuts leur tend les bras, occasion inespérée d'éduquer maman C au milkshake vanille. Sous le regard médusé de la serveuse, papa C prend un thé glacé sans glace (il a mal à la gorge), sans sucre (il surveille sa ligne), sans citron (j'ai dit thé, pas limonade). Un vrai puritain ce papa C! Les petits C compensent avec des glaces aux Oreo.

De retour dans l'Upper West Side, maman C décide que ce soir, elle cuisinera. Une rapide expédition à la premium grocery qui vend du Brie de Paris (et des tomates à quatre dollars la livre, et de la sauce tomate à dix dollars le demi quart) la convainc de se rabattre sur l'épicerie d'en face, pour la plus grande joie de papa C, qui en ramène du beef jerky, du cheddar sharp, de la diet root beer, du beurre de cacahouète (Skippy, of all brands!) et des bières américaines en grandes canettes (ici tout est plus grand, donc la canette de 50cl en fait 71...)

Le soir, les C mangent en silence leurs pâtes à la sauce tomate. Ils sont épuisés. Demain, c'est promis, ils y vont mollo.

mardi 21 juillet 2015

Deuxième journée - A walk in the park

Il y eut un soir, il y eut un matin, un petit matin même, vu que vers cinq heures trente, quand l'horizon blanchissait à peine au dessus de Central Park, les C. se réveillèrent brutalement avec les compliments du décalage horaire. Ils prirent un rapide petit déjeuner, qui permit à papa C de tenter d'initier ses filles aux joies du cheddar mild, de la limonade américaine, et du black cherry soda (probablement le plus incroyable goût chimique jamais inventé), aux petites C de dévorer les Oreo demi-écrémés (si, si, ça se peut) et à maman C de découvrir le beurre cachère et le lait écrémé sans lactose achetés la veille.

Ce roboratif préliminaire expédié, les C tinrent conseil sur la nécessité présente. Maintenant qu'on y était à New York, où il y avait des tas de choses à faire, par quoi allait-on commencer? Central Park fut rapidement choisi, pour plusieurs raisons. D'abord, on savait comment y aller: il suffisait de traverser la rue. Ensuite, papa C voulait y écouter le soir même un concert en plein air. Enfin, vu la température et l'humidité de porc qui s'annonçaient, on pouvait espérer y avoir moins chaud qu'ailleurs.

Les C partirent vers sept heures, passèrent la porte des garçons (Boy's Gate, au coin de Central Park ouest et de la centième rue), et s'enfoncèrent vers le nord, dans des sous bois, très dangereux naguère (le nord de Central Park jouxte Harlem, et l'Upper West Side est le pays de West Side Story), mais où l'on ne croise plus aujourd'hui que des joggeurs et des jeunes cadres qui promènent leur chien. Les petites C firent là leur première grande découverte: les réverbères sont les mêmes que dans la belle et le clochard. Poursuivant vers l'est jusqu'à l'Harlem Meer, on visita, pour le plus grand bonheur de maman C, le Conservatory Garden, un jardin anglais très bien tenu. Papa C a déjà fait savoir qu'il aimerait bien, une dédicace sur un banc (son cinquantième anniversaire étant passé, et comme cela coûte assez cher, nos lecteurs feraient bien d'économiser pour le soixantième...)

Vers neuf heures trente, constatant qu'il ne faisait vraiment pas si frais que cela dans le parc, les C décidèrent d'aller se rafraîchir en visitant le musée d'histoire de la ville de New York. On y trouve, dans un hôtel particulier tout à fait kitsch, un mélange pas très cohérent de maisons de poupées, de bibelots des années 20, d'expositions sur la musique folk (avec des originaux de chansons de Dylan, et des photos de Woody Guthrie jouant dans le métro) et sur le style de vie hip hop (avec chaines en or, grosses voitures et billets de banque). Il y en avait pour tout les goûts, et surtout, il y faisait 17°, ce qui a plu aux C., enfin, sauf à papa C dont la gorge délicate supportait mal ces variations de températures. Vers onze heures trente, papa C toussait, maman C avait faim, les petites C en avaient assez, et on se mit en quête d'un restaurant que l'on trouva sur Madison avenue: une sorte de cantine grecque, qui servait des omelettes et des sandwiches.

L'après-midi fut semblable au matin, avec un nouveau tour dans le parc, une visite du musée d'histoire naturelle, et un dîner dans un restaurant vaguement branché de Columbus avenue (hamburgers bio pour les petites C, poisson au nom compliqué avec sauce sucrée salée pour papa C, demi poulet pour maman C, c'était New York, mais cela aurait pu être Londres, ou Paris, ou ailleurs).

Puis, les C (papa C surtout) sont allés écouter l'Orpheus Chamber Orchestra (une formation locale, dont papa C se souvient avoir acheté un disque dans les années 80), qui jouait en plein air. Comme ils sont arrivés en retard, ils ont raté les deux premiers mouvements d'une symphonie du dix-septième. Mais le reste du programme était très bien, avec Siegfried Idyll, et surtout la septième symphonie de Beethoven (dans une formation assez réduite). Il y avait beaucoup de monde, mais l'accoustique était très bonne.

Vers vingt deux heures, les C suivirent la foule jusqu'à Central Park West, y trouvèrent très vite un taxi providentiel, et s'effondrèrent, fiers du travail accompli.


Notes additionnelles au voyage des C: quelques mots à retenir

Joggers: la principale espèce qui peuple Central Park, loin devant les écureuils. A toute heure, en tous formats (gros, maigres, jeunes, vieux), invariablement équipé d'une sorte de brassard où l'on accroche son I-phone, et la plupart du temps d'un casque. Sur certaines allées, des feux ont même été installés pour permettre aux piétons de traverser sans les gêner (ils sont plus ou moins respectés).
Scooters : inexplicablement absents de la ville. On y trouve pas mal de voitures, quelques vélos (assez peu, en fait), de rares motos, mais presque aucun scooter.
Guys (ou you guys): "les gars" semble utilisé ici pour tout groupe, hommes ou femmes. Mais que font les féministes? Papa C prétend avoir entendu une seule fois le mot "ladies", adressé à ses femme et filles par un ouvrier qui déroulait un câble dans la rue "watch your step, ladies!" Il en conclut provisoirement que "guys" est le terme égalitaire et non genré amené à remplacer les trop polis "sir" ou "ladies".
Enjoy! explétif, employé dans les situations les plus diverses, du serveur vous tendant un café à l'eau (comme une menthe à l'eau, mais avec du café, et éventuellement servi chaud et sans glaçons), à l'employé de musée vous donnant vos tickets, en passant par à peu près toutes les annonces des haut parleurs à destination des touristes. L'Amérique est manifestement le pays des garçons joyeux.
It is not a problem : autre expression qui revient, à chaque fois qu'on demande une explication. Avoir un problème est manifestement quelque chose de dangereux, qu'on veut éviter à son interlocuteur.


lundi 20 juillet 2015

Première journée - D'un train de banlieue l'autre

Confucius, ou peut être Montesquieu, à moins que ce ne soit Benjamin Franklin, a dit, un jour où il avait probablement un peu forcé sur la boisson, qu'un long voyage commence par un premier pas. Pour les C, le long voyage a commencé par un premier train. C'était un Transilien, le beau train de 6h54 à destination de la Gare de Lyon. Papa C. en a immortalisé l'entrée en gare (la photo est un peu floue, discret hommage rendu par Papa C aux impressionnistes).




Et comme un bon train n'arrive jamais seul, à la gare de Lyon, les C, leurs valises à roulettes et leurs sacs à dos, ont pris un premier RER, puis un second, puis encore une navette aéroport, pour arriver finalement au terminal 1 de Roissy, que papa C a immédiatement reconnu comme l'aéroport de son enfance, quand ils partaient au Canada avec toute sa famille, et que... (la suite charitablement censurée).

Bref, sur le coup de neuf heures, les C, ayant traversé l'aéroport, s'étant un peu perdus, puis un peu retrouvés, localisèrent finalement le comptoir du vol 100 de La Compagnie à destination de Newark, et y enregistrèrent leurs belles valises toutes neuves (les C ne voyageant pas, ils ne possédaient pas de bagages avant leur aventure américaine). On les dirigea alors vers un petit salon un peu bondé mais où les petites C trouvèrent l'élément de base de leur alimentation: les chips.

Ce fut également l'occasion pour elles de goûter pour la première fois au Canada Dry. Papa C est convaincu qu'un voyage aux USA est avant tout une éducation du goût. Nous le retrouverons souvent, au cours de ce récit, tentant d'éduquer les deux malheureuses à quelque produit local.

Vers dix heures trente, les C quittèrent le petit salon, les batteries chips-soda des petites C rechargées à bloc, et empruntèrent le long tapis roulant sous les pistes jusqu'aux terminaux d'embarquement, ce qui donna à papa C l'occasion d'un nouveau souvenir d'enfance (tronqué dans l'intérêt des lecteurs). 

Puis, les C ont pris l'avion, un bel avion bleu, avec des sièges qui s'allongent, des hôtesses de l'air et des stewards, un repas servi à la place et une collation avant l'arrivée, des tas de films sur une tablette, et pas beaucoup de vue en dépit des hublots, parce que tout le voyage s'est fait au dessus des nuages.  Huit heures plus tard, après une descente un peu tonique, qui mit l'estomac de maman C à rude épreuve, le vol 100, touchait terre, rebondissait, roulait, freinait, s'arrêtait à Newark, et les 4 C faisaient la queue, faisaient risette à l'officier d'immigration, posaient leurs mains sur la machine à empreinte digitale, récupéraient leurs bagages, et arrivaient finalement en Amérique. 

La température extérieure était de 95°F, c'est un peu moins chaud en centigrades, mais ça reste un rien oppressant, surtout avec l'humidité. Heureusement, l'Amérique est le pays de la climatisation, le lieu magique où la température change de 15° à chaque fois qu'on passe une porte vitrée. Les C passèrent donc de l'aéroport (20°C), au quai du monorail menant à la gare (35°), au monorail (20°), au quai de la gare de Newark (35°). Et ce long voyage, commencé dans l'allégresse d'un train de banlieue francilien, s'acheva dans la joie d'un train de banlieue américain, le Newark Intl - Penn Station.

Il était 17h30 locales quand le taxi déposa les C devant leur logement, au nord ouest de Central Park. Ils firent quelques courses, qui permirent à papa C de retrouver quelques uns des sodas chimiques de son enfance et du cheddar en cube et sans croute, puis allèrent dîner dans un restaurant nommé Bareburger, où l'on servait... des hamburgers. Les C logent manifestement dans l'équivalent New Yorkais d'un quartier bobo, car les hamburgers étaient bio, avec un petit accompagnement de luzerne, de la viande hachée avec pedigree, et une longue série de chiffres, sur le menu, permettant de savoir précisément la teneur en graisses, carbonates, sodium, gluten, triphosphatotrucs insaturatés. En face du restaurant, une "premium grocery" proposait toutes sortes de produits chers mais bons pour la santé. Au rayon fromage, les C repérèrent un "Brie de Paris" avec une vraie étiquette, en français, en certifiant l'origine. 

Les courses et le dîner expédié, ils firent un dernier tour à Central Park, de l'autre côté de la rue, assistèrent à une partie de baseball, ce qui donna à nouveau à papa C l'occasion de s'étendre sur les règles du jeu, dans l'indifférence générale, puis, vers 21h locales, et donc 3 heures au pays, les C s'effondrèrent, fiers des 7000 kilomètres parcourus. 


dimanche 19 juillet 2015

Prologue - Le lourd secret des C.

Vus d'un peu loin, les C. avaient tout d'une famille modèle. Ils habitaient dans une petite ville une belle maison, avec un jardin où ils faisaient pousser des légumes. Ils possédaient une automobile respectueuse de l'environnement. Papa C. , ingénieur, travaillait à la ville, tandis que maman C. s'occupait de la maison, de leurs filles et du jardin, et faisait, à ses moments perdus des confitures et de la maçonnerie. C et M, leur filles, étudiaient chez les sœurs, travaillaient bien, et chacun, sauf leurs parents bien entendu, s'accordait à les trouver polies, obéissantes et bien élevées.

Pourtant, derrière cette façade souriante, les C. cachaient un lourd secret : ils ne voyageaient jamais!  Oh, Papa C avait bien bourlingué, il y a longtemps, et Maman C pris l'avion, dans sa jeunesse, mais depuis une dizaine d'années, ils ne partaient plus.

Et chaque année, à l'approche des vacances, quand les collègues de papa C. lui disaient: "alors, bientôt les vacances? Nous, cette année, on va en Indonésie, on avait plein de miles qu'il fallait utiliser. Et vous vous partez où?", il répondait : "on va peut être aller une semaine dans le Jura". Et en Septembre, quand on disait à maman C: "les petites sont un peu fatiguées, on rentre hier de Thaïlande, et vous, vous étiez où?", elle répondait : "elles viennent de passer quelques jours dans le Loiret".

Les C. ne partaient pas. Ils ne skiaient pas en Suisse ou en Autriche, leurs enfants ne faisaient pas de stage d'été en Irlande ou en Espagne. Ils n'avaient jamais été en Amérique du Sud ou en Afrique, ni même en week-end à Londres, Venise, Bruges ou Prague. L'été, il partaient une malheureuse semaine (en province !) Le reste des vacances, ils restaient chez eux. On murmurait même que leurs filles n'avaient jamais pris l'avion.

- Ca ne peut plus continuer ainsi, dit un soir papa C. en rentrant du travail. Nous sommes la risée du village. Cet été, nous partons.
- On va prendreuh l'avion-euh, on va prendreuh l'avion-euh, chantèrent les petites C.
- Pas trop loin quand même, répondit maman C qui n'aimait ni les aéroplanes, ni les longs trajets, et redoutait donc la combinaison des deux.

***

Il fut rapidement arrêté que tant qu'à partir, on verrait loin, et long, et grand, et qu'on irait un mois à New York (où un appartement était fort opportunément prêté), puis qu'on louerait une voiture pour  visiter la Nouvelle Angleterre. Des guides (du routard, verts) furent consultés, des buts établis (manger des pizzas, des homards et du chicken chow mein), des destinations rêvées (Bangor, Concord, Niagara), des passeports demandés, des billets achetés, des valises remplies.

Et nous y voila. Les C partent demain dès l'aube. Ca ne fera pas blanchir la campagne vu qu'on est l'été. Ca n'étonnera pas grand monde, vu que c'est les vacances et que tout le monde part, en général pour des destinations un peu plus exotiques que New York. Mais les C sont contents, il flotte ce soir sur château-C un parfum d'aventure.