mercredi 30 octobre 2019

Treizième jour - Homards et sardines

Dernier jour. Ce matin, les C font leurs bagages et mangent leurs restes. Papa C réserve l'Uber qui les emmènera ce soir à l'aéroport. D'un commun accord avec Maurice, leur logeur, ils ne rendront les clefs que l'après-midi, ils peuvent donc faire un dernier tour dans Manhattan. Wall Street est choisie parce que proche par le métro, et aussi parce que papa C y a repéré une échoppe où l'on mange des lobster rolls. Les C débarquent donc un peu avant midi dans une toute petite boutique, et y mangent des sandwiches au homard accompagnés de coleslaw et de limonade du Maine. Le restaurant est manifestement connu, et se remplit rapidement d'un mélange de touristes et de cadres en costume cravate.

Comme il leur reste trois heures à Manhattan, les C vont vers le front de mer, et suivent la berge de Battery park au World Trade Center. Il fait gris, la Liberté est dans la brume, comme le sommet des tours. Un temps de Toussaint, quoi.




Puis reviennent à Brooklyn, prennent leurs bagages, rendent les clefs, font un selfie avec Maurice, et embarquent dans leur Uber. Le trajet de retour permet de revoir le bas Brooklyn et Queens, pas folichons. Les C arrivent à l'aéroport avec trois heures d'avance, enregistrent leurs valisent, passent les contrôles, ce qui permet à maman C de se faire interroger sur ses rillettes de saumon (qui auront subi un aller retour et deux contrôles policiers), achètent des bonbons, et attendent l'embarquement.

L'avion du retour est un peu moins gros que celui de l'aller, mais tout aussi vétuste et inconfortable. Le voyage est agrémenté par trois bébés qui se relaient, quelques rangées devant. Papa C se dit que l'avion est décidément la partie la moins agréable du voyage, et qu'il faut soit voler en low cost, soit en business. L'appareil se pose enfin, le commandant espère nous revoir bientôt (rêve, tiens! lui répond mentalement papa C), les C passent les contrôles, récupèrent leurs valises, trouvent le taxi qu'ils avaient réservé, et rentrent, sous une sympathique petite pluie de Novembre, à Château-C, où les attendent mamie C et leurs animaux domestiques.

Ainsi s'achève le second voyage des C à New York, et leur quatrième en Amérique.




mardi 29 octobre 2019

Douzième jour - les C mangent des nouilles

C'est aujourd'hui l'avant dernier jour des C à New York, et comme douze est un chiffre pair, il pleut. De bon matin, on écrit des cartes postales (qui ne seront postées qu'en France, en raison d'une inexcusable incapacité à trouver un bureau de poste, sorry m'man), puis la famille s'assemble pour décider des destinations du jour. Avant de partir, les C ont souscrit un forfait dix activités, et ils n'en ont effectué que huit: un rattrapage s'impose.

Papa C, franchement déçu par le musée de Brooklyn, voudrait aller au Met. Maman et les petites C, qui se souviennent que lors du précédent voyage il les y avait séquestrées pendant sept heures, en ont moyennement envie. Maman C, enhardie par son expérience d'hier, a pour sa part décidé qu'on mangerait des ramen, et a repéré un restaurant sur la 50ème rue. Les petites C font valoir qu'on leur avait parlé de Gulliver's Gate, un musée de miniatures près de Times Square. Le programme de la journée étant ainsi établi, les C prennent leur métro habituel, qu'ils quittent à l'habituelle 42ème rue. 

Gulliver Gate est une sorte de délire de collectionneur de trains électriques. On y a reconstitué, en une série de tableaux, un aéroport, des villes d'un peu partout dans le monde, des paysages célèbres, avec des petits trains qui circulent au milieu, et des animations diverses. Ce n'est pas l'attraction la plus spectaculaire que les C aient vue à New York, mais elle convient d'autant mieux à leur fin de séjour qu'elle est déserte en ce matin de semaine.



Le monde miniature visité, les C remontent à pied la sixième avenue, et trouvent, pile à l'heure du déjeuner, le restaurant japonais indiqué par maman C. Ils sont un peu en avance, ce qui est une bonne chose, car ils reste une table disponible. On y mange donc des ramen (sauf papa C qui prend du riz), c'est très bon.

Maman C repue, direction le Metropolitan, pour la dixième et dernière attraction au forfait. Ils y arrivent vers deux heures, comme le musée ferme à cinq heures et demie cela limite la durée de la visite. Comme la plus jeune des C veut voir les égyptiens, on commence par là. Comme dans tous les musées du monde, c'est LA galerie où les parents emmènent leurs enfants probablement surdoués: c'est donc un capharnaüm de poussettes, de bébés qui hurlent, de jeunes parents à bout, d'autres parents expliquant à voix trop intelligible les mystères de l'égyptologie à des petits que ça n'intéresse pas, auquel il faut ajouter les guides à micro portable. Bref, ça se visite avec des bouchons d'oreilles. Mais la collection est très belle, et la petite C tellement ravie qu'elle y passera trois heures avec maman C.

Papa et la grande C sont moins fans, et bifurquent rapidement vers la peinture européenne. La moitié des salles avant 1800 sont malheureusement fermées, mais au Met, ça laisse quand même pas mal de choses.




Les plus belles pièces des salles fermées, notamment les Hollandais, et les Greco, sont dans une autre aile, que papa C s'empresse de visiter.



Il reste environ une heure et demie quand papa C arrive au 19ème et aux impressionnistes. Comme on est en semaine et que les touristes visitent plutôt le musée le matin, un petit miracle se produit: c'est quasiment vide! Papa C déambule avec bonheur.




On sort du Met à la fermeture. Un Dunkin Donut est trouvé à proximité, et douze beignets achetés pour le soir et le lendemain. C'était un bon douzième jour.











lundi 28 octobre 2019

Onzième jour - Les C mangent des raviolis

Après dix jours de tourisme, une certaine fatique s'installe à château-C-en-exil. Le lever, le petit déjeuner et le départ se font plus tard, les objectifs de visites sont moins ambitieux. Ce matin, il fait beau, maman C veut visiter Chinatown et manger chinois. Nos héros se retrouvent dans une rue commerçante, papa C identifie les légumes et traduit les panneaux, sous le regard admiratif des petites C (qui ne le croient jamais quand il dit qu'il sait lire les caractères, c'est quand même dingue, ça!) On passe devant des boutiques qui vendent des fruits et légumes, puis des poissons frais, puis des produits séchées (qui vont du champignon au calamar, en passant par des choses mal identifiées, et un peu cauchemardesques). Maman C n'ose pas acheter, et on s'achemine vers un supermarché où les parents trouvent du thé (bientôt disponible au bureau de papa C) et les petites des bonbons. C'est dépaysant et sympathique.




Un peu avant midi, on se met en quête de Joe's Shanghai, unanimement recommandé par les guides de maman C. L'extérieur n'est guère engageant. On entre dans une salle immense, bruyante et basse de plafond, avec de grandes tables rondes et des chaises pliantes autour, que partagent plusieurs convives. C'est très chinois... Comme il n'est pas midi, il n'y a presque pas d'attente, et les C sont rapidement assis a une table, avec un couple de retraités américains et un avocat qui travaille dans le quartier. Les C parlent de Paris, les américains s'excusent de leur président.

Comme son nom l'indique, on est dans un restaurant de Shanghai, où l'on sert des "dumplings". Comme l'explique doctement papa C à une maman C enamourée et des petites C blasées, l'anglais traduit d'un seul mot deux notions différentes : les jiaozi, ou raviolis, et les baozi ,ou brioches. La spécialité locale est le xiaolongbao, brioche petit dragon (fourrée au  porc et cuite à la vapeur). Comme papa C est un snob, il prend plutôt des raviolis poêlés (guotie) et bouillis (shuijiao), avec des légumes cuits et des nouilles au porc. En fin de repas, l'avocat, qui vient de manger un canard entier, leur donnera ses petits dragons, qu'il n'a pas finies (ça se comprend). Les C font un excellent repas, et recommande le lieu à la grande C, qui apprécie la cuisine du bled.

Il fait un temps correct, et les C sont désoeuvrés, ils remontent donc les rues, de Chinatown à Little Italy, puis Noho, jusqu'à Union Square. Là, papa C exige et obtient deux arrêts librairie, qui inquiètent maman C: lors du dernier voyage, papa C était revenu avec 15 kilos de livres. Papa C ne trouve pas le livre qu'il cherche (the Western Canon, dont la seule mention suscite un regard réprobateur de la vendeuse), en achète un autre pour se consoler (White trash, plus acceptable politiquement), et ressort du magasin à peine chargé.



L'après midi avance, les C remontent vers midtown, font du lêche vitrine, et trouvent un Whole Foods pour y acheter leur dîner. Papa C y trouve un brie au format camembert de la marque Notre Dame. La caissière lui demande une carte d'identité pour la bière qu'il achète (papa C est flatté). Puis, ils achètent des donuts, et rentrent. C'était une petite journée.

dimanche 27 octobre 2019

Dixième jour - Shopping in the rain

Aujourd'hui, c'est Dimanche et il pleut. Jusqu'ici, les C ont eu du crachin. Là, c'est du sérieux, avec des gouttes, des flaques, et pas envie de sortir de leur trois pièces jamaïcain. il est donc neuf heures trente, le petit déjeuner est expédié. A en juger par l'odeur de cannabis qui monte de l'escalier, les voisins sont réveillés. Les C sont prêts, et la question est posée : ou va-t-on?

Vu que cela fait trois jours qu'ils vont à Brooklyn, continuer dans ce sens relèverait de l'acharnement. Les autres "boroughs", Queen et le Bronx ne les tenteraient pas par beau temps, alors sous la pluie! Manhattan gagne donc par défaut, et plus précisément Times Square, où se trouve une attraction que maman C a repérée et qui se déroule en intérieur. Les C descendent donc, croisent Maurice, leur propriétaire qui s'inquiète s'ils laissent le chauffage dans la journée. C'est mal connaître maman C: chauffage et clim ont été désactivés le premier jour. Maurice est flabbergasted. Puis les C descendent vers le métro, et y arrivent trempés. Comme on est dimanche, les trains suivent des lignes différentes, et celui des C, au lieu de Times Square, les dépose 45 minutes plus tard à Grand Central, où il pleut à verse, ce qui permet aux C de reprendre un peu l'eau.


L'activité prévue par maman C est parfaitement adaptée à la météo: il s'agit d'une exposition du National Geographic sur le monde aquatique. Dans une série de couloirs et de salles dont les murs sont des écrans vidéos, on voit des fonds marins comme si on y était. Comme l’endroit n’est pas dans les guides (ouvert récemment?), il n'y a pas trop de monde, ce qui est appréciable.



A la sortie, il pleut toujours et il fait faim. Maman C, échaudée par son échec créole, a passé les deux soirées précédentes à compiler des listes de restaurants toujours ouverts et bien notés.  Près du musée se trouve Virgil's, un barbecue sudiste, pas très plein car il est une heure et que l'Amérique déjeune tôt. Papa y trouve des ribs et des grits, maman C du saumon et de la salade de pomme de terres, c'est très bon, et il fait chaud, les C sêchent un peu.

A la sortie, il pleut un peu moins, les C se promènent vers Times Square, admirent le Sofitel, of DSK fame. Puis reprennent le métro pour le World Trade Center où se trouve Century 21, un ogrand magasin que maman et les petites C entendent dévaliser. Le lieu est manifestement bien coté par les guides français, à en juger par le nombre de compatriotes qu'on y croise. A part ça, c'est effectivement bon marché, mais surtout très moche, les C ressortent avec un malheureux sac, déçus et en plus il peut. L'aînée des petites C sauve la journée en repérant non loin un H&M de consolation. La carte bleue de papa C est mise à contribution: le moral remonte.


Il est l'heure de rentrer, il pleut toujours, les C s'engouffrent dans une bouche de métro, en bas de laquelle ils trouvent un Dunkin Donut, achètent une douzaine de gâteaux, et rentrent.

samedi 26 octobre 2019

Neuvième jour - Hot dogs à la plage

Dans le quartier des C, les poubelles ne semblent pas passer tous les jours. Tous les deux jours non plus, d'ailleurs. En fait, depuis une semaine, des amoncellements de sacs décorent les trottoirs, at embaument le quartier de leur odeur caractéristique. Ce matin, vers huit heures, un camion passe enfin, et embarque le tout. On n'est manifestement pas au pays du tri sélectif. Sous la bow window des C, un lit entier, têtes, pieds et bois est jeté dans la machine, qui le dévore avec de grands craquements.

"- Sic transit...", dit pensivement papa C en sirotant sa root beer.
"- A propos, dit maman C, les grande C nous rejoint à la plage?"

Les plus assidus de nos lecteurs ont probablement remarqué que tout voyage des C en Amérique comporte nécessairement une journée à la plage. Une exception réticente a été accordée par maman C lors du dernier voyage, au motif (douteux) que l'Utah et l'Arizona étaient dépourvus de côtes, mais il est hors de question de laisser cette habitude s'installer. Aussi, comme la météo prévoit du beau temps, Coney Island est au programme de ce samedi. Comme la grande C ne travaille pas, papa C a également prévu de la voir, mais comme la plage ne viendra pas à la grande C, il va falloir qu'elle fasse l'heure et demie de métro qui l'en sépare... Papa C a tout prévu: à Coney Island, il y a Nathan's, la mecque du hotdog, et les préférences alimentaires improbables sont un trait de famille.

- des hotdogs, ma chérie, tu ne peux pas dire non?
- ferventes canes? ok alors!

L'affaire est conclue, on se retrouvera vers midi (vu qu'on est le week-end), et on proposera même aux NF, des amis de la grande C (et professeurs des petites C) de passage à New York. Partis vers 10h30, les C découvrent rapidement les joies du métro dominical. Toutes les lignes pour Coney Island sont interrompues, sauf une, la plus lente (évidemment!) Nos héros suivent donc un interminable périple à travers Brooklyn,  qui ne leur rend pas cette ville plus sympathique. Ils débarquent vers 11h30, Nathan's (world famous frankfurters depuis 1916) est en vue. Comme on est en octobre, la plage est déserte, ce qui a un certain charme.



Les petites C repèrent des montagnes russes, les parents C, pas très motivés, proposent d'attendre la grande C. Elle arrive, les montagnes sont escaladées, puis descendues nettement plus vite, l'ainée des petites C est ravie, on s'achemine vers Nathan's. Les C commandent, puis mangent leur hotdogs dans un silence religieux. Ainsi lestés, une promenade digestive s'impose. On longe donc la plage vide, au bord de laquelle s'étendent anciennes attractions et casinos. C'est très dépaysant.




Une heure plus tard, les amis de la grande C arrivent. Comme, ils n'ont pas encore déjeuné, ils découvriront eux aussi Nathan's. Les C les regardent manger, ils digèrent toujours leurs hotdogs.... Puis tout le monde longe la plage en direction de Brighton Beach, le quartier russe. Les affichages se font bilingues, au bord de la promenade, on commence à voir de grands restaurants, aux terrasses desquels des groupes en bras de chemise boivent et parlent fort. Un peu plus loin, sur un banc, un monsieur à l'allure distinguée joue de l'accordéon et chante, repris en choeur par une vieille dame. Le dépaysement est total. On arrive ainsi au bout de la plage, où l'on voit quelques belles maisons. Les C prennent vers l'intérieur des terres, longent un boulevard  parfaitement russe, et reprennent le métro pour un long périple à travers Brooklyn.

vendredi 25 octobre 2019

Huitième jour - Brooklyn, Gound Zero et le restaurant créole de maman C

La tentative de réconciliation des C avec Brooklyn a échoué hier, mais nos héros sont têtus, et c'est donc pour Brooklyn qu'ils repartent ce matin. Le guide de maman C fait état de belles maisons dans un quartier qui jouxte Prospect park, les C y vont et découvrent effectivement quelques rues nettement plus sympathiques que ce à quoi ils sont habitués.


A l'approche d'Halloween, il y a manifestement une compétition entre voisins sur la décoration de facades. Ca va de light (trois citrouilles), à médium (trois citrouilles, des toiles d'araignée et des têtes de mort) à extra-large avec supplément bacon, chili et fromage fondu.




Mais le quartier est assez petit, et les C retombent vite dans le Brooklyn qu'ils connaissant.


La prochaine étape est Brooklyn Heights, un des quartiers boboïsés qui bordent Manhattan. Les C y visitent le musée du métro, dans une ancienne station d'icelui. C'est très varié, avec des cartes, des panneaux d'affichage, des photos du creusement des lignes, et une jolie collection de métros de 1900 à nos jours.



Après le musée, il est temps de déjeuner, et papa C sent qu'il est nécessaire de se faire pardonner les échecs des jours précédents. On avance dans le quartier branché, direction les quais. Aux briques brunes près, on pourrait être dans n'importe quel centre ville européen. Maman C a repéré un restaurant créole, mais comme il est un peu loin, les C se rabattent sur un café qui sert des salades et des rigatonis. C'est frais et très bon, le lieu est sympathique, et ça reste un des meilleurs repas des C à ce jour. C'est aussi cher et peu copieux: on est dans un quartier branché... Non loin de là, on trouve les quais, d'où on a une belle vue sur Manhattan, et où il y a des parcs avec des chinois qui font des photos de mariage.



Puis, les C se perdent un peu dans les échangeurs, et atteignent le pont de Brooklyn, qu'ils traversent. C'est moins plein qu'en été, mais il y a du monde. La partie supérieure du pont est réservée aux piétons et aux vélos. Les cyclistes New Yorkais sont comme les parisiens: bien qu'il y ait sur le pont un vélo pour cinq cents piétons, ils ont du mal à comprendre qu'on ne leur laisse pas la priorité, ou qu'on ne leur réserve pas la moitié de la chaussée. Alors ils pédalent, sonnent, crient et roulent des yeux exaspérés, dans l'indifférence générale des touristes. Vu qu'il y a un pont sans touriste à cent mètres, Papa C a du mal à les plaindre, et se dit que décidément le vélo attire les self-righteous grincheux.


Le pont traversé, les C vont au World Trade Center visiter le mémorial. Le mémorial et le musée sont sous terre, sur l'emplacement des fondations des deux tours. C'est un musée à l'américaine, qu'il faut plusieurs heures pour visiter.



Les C en ressortent à la nuit tombante, et repartent vers Brooklyn. Maman C veut son créole, on descend donc à Atlantic, devant un stade où se dispute un match de basket entre New York et Brooklyn, toute la jeunesse locale est là, dans une ambiance sympathique. Les C remontent un boulevard à la recherche du restaurant créole, pour finir devant un panneau "à louer", le guide de maman C date un peu... Heureusement, un Whole Foods est juste en face, qui leur tend les bras, ils achètent le nécessaire et rentrent chez eux.  Dans le métro, papa C tombe sur cette étonnant affiche, en anglais et créole (il faut un petit moment pour comprendre que la partie inférieure est un langage dérivé du français).


jeudi 24 octobre 2019

Septième jour - Brooklyn bad

Les C habitent Brooklyn, le quartier de Crown Heights pour être précis. C'est typique, on ne s'y sent pas spécialement en insécurité (sachant que les C ne sortent pas la nuit), mais ca ne fait pas vraiment rêver. Il y a des maisons basses, des briques marron, mais tout y est un peu sale, et aucun restaurant à proximité ne fait envie. En dehors des quartier branchés qui jouxtent Manhattan, Brooklyn ressemble à une banlieue dortoir.

Les guides de maman C annoncent pourtant des attractions. Aussi, ce matin, les C, un rameau d'olivier à la main, tentent une visite du Brooklyn culturel, le jardin botanique, le musée et Prospect park. Comme ce n'est pas très loin, on peut partir un peu plus tard, ce qui est appréciable.

Comme il ouvre plus tôt, le jardin botanique est la première étape. Lors de leur premier voyage, les C y étaient allés un après midi de fin de semaine, et c'était bien, mais plein. Cette fois, en dehors de quelques classes, c'est vide, et les C passent un agréable moment entre les fleurs, les serres, les roses et les arbres.



Ils sortent du parc vers midi, et se mettent en quête d'un restaurant. Le portable de l'aînée des petites C indique une rue commerçante où l'on trouve un dinner et commande salades et sandwiches. Le lieu est typique, et la nourriture infâme. C'est gras, salé, et indigeste. Papa C, le seul à finir sa portion, mettra la journée éliminer son wrap. Heureusement, le serveur se trompe dans l'addition, ce qui fera de ce repas peu mémorable un des moins chers. Les C ont décidément du mal avec la cuisine new yorkaise... (ils avaient bien mangé, ailleurs en Amérique).

Le musée de Brooklyn est à quelques centaines de mètres. C'est un gros bâtiment de style classique, avec une jolie place devant, sympathiquement défigurée par une entrée contemporaine (verre et métal, formes rondes pas du tout dans le style). Les guides expliquent qu'il faut visiter en descendant, du cinquième au premier étage. Les C montent donc au cinquième.

Le cinquième étage est consacré à la peinture américaine, on y voit des portraits et des paysages, du 19ème à nos jours. Le quatrième contient quelques intérieurs américains de la période coloniale et de l'indépendance. Le reste de l'étage est consacrée à une exposition d'art féministe, surtout féministe. Comme tout l'art engagé c'est pontifiant, ennuyeux, et un rien dictatorial (on sent qu'il ne fait pas bon critiquer, ou avoir une opinion différente de celle des panneaux explicatifs, généralement plus grand que les oeuvres). Le clou de l'exposition est "the dinner party", une grande table triangulaire, avec des noms de convives femmes célèbres brodées sur la nappe, et des assiettes armoriées représentant... des foufounes stylisées.

Le troisième étage contient une collection égyptienne moins spectaculaire que celle des grands musées (pas de grosse pièce) mais très fournie. Ici et là, des panneaux éducatifs à vocation inclusive égaient le parcours. Sur l'un, on apprend que l'Egypte était une civilisation africaine, que c'est un fait scientifique (papa C aurait dit géographique, mais la nuance semble avoir son importante), et qu'il est important de le clamer haut et fort. L'autre, intitulé "Transidentité en Egypte Ancienne", explique que lors de la réincarnation, les Egyptiens pensaient que les femmes devenaient hommes puis redevenaient femmes. Présentée comme une victoire de la recherche féministe, cette découverte occupe un demi mur, qu'il faut lire respectueusement (une surveillante à l'air peu commode y veille).

On passe ensuite à la peinture. Dans une salle aux allures de basilique, une cinquantaine d'oeuvres sont accrochées. Il y a de belles choses, mais un conservateur zélé (ou narquois) s'est senti obligé de glisser des petits maîtres locaux au milieu des grands, ce qui ne leur rend pas service. Comme ça reste assez limité, en dépit des dimensions de la salle, cette partie est vite expédiée, et comme le second étage est fermé pour rénovation, les C sont dehors en une heure et demie, avec l'impression de s'être fait avoir.

La journée se finit à Prospect park, joli jardin avec des pelouses bien vertes, où les locaux promènent leurs chiens ou leurs enfants. Un passage par le Whole Foods pour acheter des salades préparées, et les C rentrent chez eux, toujours pas convaincus pas Brooklyn.