lundi 3 août 2015

Quinzième jour - Boston by night

Les C s'éveillent ce matin dans leur chambre de motel. Par la porte vitrée en plastique, derrière leur voiture de retraité, le soleil se lève sur une bretelle d'autoroute. Après un frugal petit déjeuner "complimentaire", ils prennent congé, traversent le centre commercial, et repartent en direction du Parc d'Etat des Dinosaures, à quelques kilomètres de là. Ce parc a été créé pour préserver des traces fossiles de dinosaures, découvertes là au milieu du 20eme siècle. Il y en a plusieurs centaines, que les C ne verront pas, parce qu'on est Lundi, et que le Lundi, c'est fermé... Mais il en reste quelques unes dehors, et surtout, il y a des sentiers d'aventure, que les petites C parcourent avec bonheur.

Sans les dinosaures, la visite est plus courte, et les C se dirigent alors vers une autre attraction de la banlieue de Hartford, le quartier d'Old Wethersfield. C'est une banlieue assez chic, donc les habitants entretiennent soigneusement les maisons, qui datent pour la plupart du milieu du 18ème siècle. Trois d'entre elles se visitent et forment une sorte de petit musée. Apprenant qu'ils sont français, le guide leur explique que la maison où il se trouve appartenait à un certain Silas Deane, natif de Wethersfield, qui fut envoyé à Paris au début de la guerre d'indépendance pour tenter de négocier une alliance avec la France. Il y rencontra pas mal de monde (Lafayette notamment), et monta avec un certain Beaumarchais (oui oui, l'écrivain), une affaire d'import export, qui se spécialisait dans le trafic d'armes vers l'Amérique, avant d'obtenir le ralliement de la France et de l'Espagne à la cause américaine, et de rentrer au pays. C'est aussi dans cette maison que Rochambeau, débarqué un peu plus tôt à Newport, et Washington, qui remontait de New York, se rencontrèrent, et descendirent ensemble vers Yorktown, où ils défirent les anglais.

Après la maison, les C se promènent dans la ville, très verte, et très bien entretenue, comme toujours. Puis reprennent la voiture, direction le nord est du Connecticut, une région qu'un des guides de papa C décrit comme un "coin tranquille". C'est effectivement très calme, et bucolique à souhait, vallonné, avec des fermes, des champs, et de jolies petites maisons bien propres sur elles. Remontant vers le Massachussets, les C déjeunent dans un routier (avec la mention "truckers welcome" sur la porte), puis repartent en direction d'un petit parc à la frontière du Connecticut, le Bigelow Hollow State Park (papa et maman C l'ont choisi pour son nom). Il y a là un joli petit étang dont on peut faire le tour (pour la plus grand joie des petites C), et un lac un peu plus grand, où des locaux font du bateau, mais il n'y a pas de lieu de baignade, ce qui navre les petites C.

Nos héros repartent donc, passent la frontière du Massachussets, et trouvent à quelques kilomètres de là, dans une bourgade nommée Holland, un tout petit lac (le lac Siog), avec une plage publique, quasiment déserte. C'est un tout petit lieu de baignade, entretenu par l'armée américaine, avec des tables de pique-nique, des barbecues collectives, des sentiers de randonnée, et une toute petite plage avec un petit bassin délimité par des flotteurs. L'eau est assez chaude, et toute la famille se baigne.

Vers six heures, les C réembarquent, destination Concord, en grande banlieue de Boston, où il est prévu, le lendemain matin d'aller rendre hommage à Thoreau, Emerson, et madame Alcott (l'auteur des quatre filles du docteur March). S'ensuit une longue promenade, bucolique à souhait, au milieu de régions assez densément peuplées (il y a rarement plus de cent mètres entre une maison et la suivante, même à la "campagne"), avec beaucoup de verdures et de lacs. Les C arrivent à Concord vers sept heures et demi, ils ont faim, et maman C est fatiguée par cette route, un motel, même coincé entre deux autoroutes leur fera le plus grand bien.

Sauf que, si trouver un motel en banlieue de Hartford a été très facile, la chose semble plus difficile en banlieue de Boston. A l'approche de Concord, on traverse une série de banlieues cossues, sans le moindre centre commercial, et surtout sans motel. Ils en aperçoivent un, à la sortie d'une autoroute, qui a une apparence tellement effrayante qu'ils n'y entrent même pas (à la limite du camp de réfugié), puis en voient un second, tenu par une grande chaîne hôtelière, qui tient davantage du club med que du motel, et qui de toutes façons est complet.

Il est maintenant huit heures, les C traversent Concord, puis Lexington, la nuit tombe, et toujours pas de motel à l'horizon. Comme maman C a faim, on s'arrête dans une pizzeria, où l'on mange, puis on demande des adresses. Le patron appelle un hôtel du coin, également complet. Il est maintenant neuf heures, et les C repartent, un peu inquiets. La facilité à trouver un motel, hier, relevait apparemment de la chance des débutants, ou du fait que personne ne va passer ses vacances à Hartford Connecticut.

Nos héros sont repartis, les petites C sont fatigués, les parents scrutent l'horizon, à la recherche d'un signe hôtelier, n'importe lequel, ils traversent Lexington, puis Arlington, où ils trouvent une auberge, dont le portier, plutôt sympathique, explique qu'il a bien une chambre, dans les 250$, mais qu'il préfère la montrer avant, parce qu'elle ne plait pas à tout le monde... Effectivement, la chambre est une sorte de petit appartement, très spacieux, mais aménagé dans une cave, aveugle. Papa C décline.

Après Arlington, Cambridge. Ils se rapprochent dangereusement de Boston centre, et il est certain qu'on n'y trouvera pas de motel. Les C s'éloignent donc du centre, se retrouvent dans Watertown, nettement moins chic, où ils trouvent un motel... complet. Il est près de vingt deux heures.

Papa C entre dans une autre pizzeria, interroge la serveuse, qui leur explique d'aller tout droit, et de tourner à la station Mobil, puis tout droit encore. Ils seront à Waltham, où il y a plein d'hôtels. Les C obéissent, trouvent sans difficulté la station Mobil, et se retrouvent dans une banlieue déserte, sombre, avec derrière eux une voiture qui semble pressée, la musique à fond. On se croirait dans un mauvais film. En continuant, ils arrivent à une bretelle d'autoroute, montent la rampe, et découvrent à leur droite une forêt de néons, Holiday Inn, Hilton, Best Western, Ramada. On se croirait toujours dans un mauvais film, mais à la fin.

Papa C avise le premier hôtel en vue, un Best Western, y prend une chambre petite mais coûteuse (et pas forcément plus confortable que celle de la veille). Toute la maisonnée y monte, rassurée. Pour papa C, la leçon est apprise: on réserve son motel la veille sur internet.

Et, ironie du sort, un coup d'oeil à la carte lui montre que leur hôtel est presque à côté de la pizzeria où ils ont dîné...


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