jeudi 30 juillet 2015

Onzième jour - La naissance de Violette

Ce matin, les C se séparent. Maman et l'aînée veulent aller voir la Frick Collection, mais celle ci est fermée aux enfants de moins de 10 ans. Il est donc convenu que papa C ira se promener avec la plus jeune, et qu'on se retrouvera vers une heure pour manger un sandwich deux sac à dos dans le guide de maman.

Pendant que la partie intellectuelle de la famille s'achemine vers la Frick, papa C et sa fille descencent à Columbus square, longent le parc au sud et tournent au sud dans la cinquième avenue. C'est l'heure où les touristes font la queue devant les magasins qui vont ouvrir (Abercrombie, Hollister). Papa C cherche un magasin au coin de la 46ème rue, qui semble avoir disparu. Il interroge le portier d'un gratte-ciel voisin, qui lui confirme le déménagement de la boutique, qui se trouve maintenant sur la 34eme, près de l'Empire State. Les deux C descendent donc une dizaine de blocs, et trouvent l'enseigne "build a bear". On y vend des ours en peluche, que l'on fabrique soi même : on choisir sa fourrure, éventuellement une musique et une odeur, on fait un voeu et on met un petit coeur en tissu dans l'ours, on appuie sur la pédale qui envoie le rembourrage. Puis, on habille l'ours, on lui donne un nom, et il reçoit un certificat de naissance.

Il y a des ours de toutes natures: des ours classiques, des ours disney, des ours star wars, des ours harry potter, des ours batman, des ours mon petit poney (si si!). La petite C choisit un ours bleu et violet, dont les oreilles s'allument quand on lui serre la patte, et avec de petites ailes argentées et des étoiles brillantes sur le corps, qui répondra ou prénom de Violette.

L'ours sous le bras, bien rangé dans une petite boîte en forme de maison, les deux C remontent la cinquième, vont remercier le portier qui leur a donné l'adresse, puis s'arrêtent dans un deuxième magasin; où l'on vend des poupées. La principale marque s'appelle "Truly me", et c'est comme ils disent: on a des poupées brunes, blondes, noires, latines, asiatiques, indiennes, et quatre étages d'accessoires, notamment un salon de beauté où les petites filles (et leurs mamans, qui semblent adorer cela), emmènent les poupées se faire débarbouiller et coiffer. Il y a des habits de poupées, des lunettes de poupées, des chaussures de poupée, des chaises et même des voitures de poupées. Tout cela est bien évidemment hors de prix... (la poupée "de base" est à 150$)

Les deux C ayant encore un peu de temps, ils remontent la cinquième, à la recherche du magasin de jouet le plus connu, FAO Schwarz, et ne le trouvent pas. Un policier interrogé par papa C leur explique, des sanglots dans la voix, qu'il a fermé il y a quelques semaines, sera bientôt remplacé par un Apple Store, et rouvrira peut être vers Time Square, mais ce n'est pas certain.

Un peu déçus, papa C et sa fille vont se remettre dans un Starbuck's, puis rejoignent le reste de la famille à la sortie de la Frick. Ils s'acheminent alors vers le marchand de sandwiches recommandé par maman C, y déjeunent, et continuent leur route, entre deux averses (il pleut des trombes par intermittence toute cette journée), jusqu'au Dylan Candy Bar, trois étages de bonbons en vrac, vendus à des prix défiant toute concurrence. Les petites C y trouvent des jelly belly parfum vomi, à cinq dollars le sachet, ce sont probablement les bonbons les plus absurdement chers du monde. Puis, on repart, entre deux averses, direction le Meatpacking district, où le Whitney museum vient d'emménager.

Le Meatpacking district est à la frontière de Greenwich Village et de Chelsea, au bord de l'Hudson. C'est donc le coeur palpitant du boboland New Yorkais. Papa C se dit souvent que New York ressemble par certains aspects à Paris ou à Londres, mais en plus exagéré. On y trouve le même snobisme de capitale, la même obsession jeunisante, et surtout cette façon qu'ont des populations aisées de cadres du tertiaires de se revendiquer de quartiers artistes ou ouvriers dont elles ont chassé les habitants.

Meatpacking est un de ces quartiers bernard l'hermite. Dans d'anciennes halles dont on a su préserver l'aspect ouvrier et un peu délabré fleurissent des enseignes à la mode, des cantines ethniques, qui servent dans un cadre se veut simple et populaire, une nourriture bio, compliquée et onéreuse à une population qui soigne son apparence artiste et négligée. Un peu plus loin, des galeries d'art attendent les rebelles en quête de placements défiscalisés. Quelques rues plus loin, les bons jours aux bonnes heures, on doit pouvoir trouver des étals de tomates anciennes (heirloom, dans le sabir local).

Bien sûr, on est à New York, et tout y est plus grand, plus fort, plus extrême, mais du point de vue de papa C, c'est le quartier le moins intéressant qu'ils aient vu jusqu'ici: un décor de carton pâte qu'on retrouve dans la plupart des grandes villes, où se retrouve une population uniformisée et du coup pas très intéressante. La bohème, comme disait l'autre, ça ne veut plus rien dire du tout.

Le nouveau Whitney Museum s'élève au milieu du quartier. Comme tout musée d'art moderne (ce sera pareil au MoMA), il attire une clientèle un peu snob et standardisée. Il est uniquement consacré à l'art américain contemporain. Comme souvent pour l'art contemporain, les premières salles sont les plus intéressantes et les plus denses. Après, on a beaucoup de conceptuel, et on compense le peut d'oeuvres par la taille des installations. Le musée contient quelques vaches sacrées, un petite collection de Hopper, des bouteilles de coca de Warhol, un tableau d'EE Cummings. C'est un peu décevant par rapport au Met (mais tout est décevant par rapport au Met), mais cela fait une bonne visite d'après midi.

Après le Whitney museum, les C prennent la high line, promenade piétonne installée sur une ancienne ligne aérienne de métro (ou de train). C'est très bien fait, propre, sans prétention, avec d'assez beaux points de vue, ce qui surprend toujours dans une ville aussi haute. Plusieurs attractions sont disséminées sur le parcours: les inévitables percussionnistes, de l'art moderne subventionné (et pas forcément très imaginatif), et vers la fin un énorme atelier où les passants sont invités à construisent une copie de Manhattan en Legos. Les petites C s'en donnent à coeur joie.

La High Line ramène les C à la 34eme rue et au métro. Ils ont mal aux pieds et sont contents de rentrer. Les petites C installent Violette sur le canapé et la couchent.


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