mercredi 22 juillet 2015

Troisième journée - Les C font Wall Street

"Aujourd'hui, on va à Wall Street," déclara maman C vers sept heures, en finissant son bol d'Earl Grey, tandis que papa C lavait sa dernière bouchée de cheddar d'un verre de root beer, sous les regards affligés des petites C (qui ne perdent rien pour attendre, car papa C a repéré à l'épicerie d'en bas du fromage à tartiner aux myrtilles...)

Personne ne sait d'où vient cette passion que maman C éprouve pour Wall Street, mais elle en parlait déjà avant de partir, et sa décision n'est manifestement pas négociable.

Les C rallient donc la station de métro Amsterdam et 96, y achètent quatre cartes hebdomadaires qui vont leur permettre de sillonner l'underground, montent dans un wagon de la ligne une à destination de Battery Park, et en débarquent... devant le ferry qui va à la Statue de la Liberté (et en vue d'icelle). Devant l'excitation des deux petites C, il est décidé qu'on ira d'abord à la statue, et qu'on visitera Wall Street au retour. Au guichet d'information, papa C apprend que les prochaines réservations pour la visite de l'intérieur du monument sont pour Octobre.

Les C embarquent donc pour l'île, où leur est fourni un audioguide désopilant:
- levez la tête et regardez devant vous, vous voyez cette statue? (on est un peu là pour cela). Mais qu'évoque-t-elle vraiment pour vous?
(voix d'homme) pour moi la statue de la liberté, euh, c'est vraiment trop génial, car c'est le symbole de la liberté et de l'opportunité (hein? euh?)
(voix de femme) j'ai toujours voulu la voir, et lui rendre hommage, car pour moi l'opportunité, c'est... (et ainsi de suite pendant de longues minutes)



L'audioguide coupé, les C font le tour de la statue, au milieu des hordes d'asiatiques brandissant leurs perches à selfies en faisant des V avec leurs doigts, ou des touristes s'allongeant pour améliorer l'effet de contre plongée de la photo qui immortalisera, sur leur buffet, les narines de leurs proches, et la statue au dessus, ils prennent quelques photos, puis vont visiter la boutique de souvenirs.

On y trouve de tout : des statues de toutes tailles et de toutes matières, des déguisements de statue en latex (surprenez vos amis!), des oreilles de mickey de statue en mousse, des statues en verre remplies de sirop d'érable, des statues puzzle 3D à monter soi même, des drapeaux américains. Les petites C repartent avec un petit assortiment, consultable sur simple demande à leur retour.

Après la statue (qui vaut quand même le détour, soyons honnête), le ferry fait étape à Ellis Island et son musée de l'immigration, qui ressemble à tous les "lieux de mémoire" qui ont fleuri sur ce thème depuis une quinzaine d'années: politiquement correct, avec juste ce qu'il faut d'autocritique, de positif et de douceâtre, et terriblement ennuyeux. Comme la quasi totalité des touristes, les C font le tour du "mur de l'immigration" (un autre truc à la mode : les murs couverts de noms de victimes, de héros, d'inconnus, peu importe: il faut des noms, et qu'il y en ait beaucoup), et y trouvent ..; d'autres C ! (rien de surprenant, c'est fait pour!) Tout ceci se fait assez rapidement, et les C ne sont pas très bon public: ils ont faim, maman C veut voir Wall Street, papa C a pris des coups de soleil et a mal à la gorge. Les C veulent rentrer.

Ils rembarquent donc sur le ferry du bonheur (watch your step guys, hold the rail while walking the gangway guys, enjoy your trip, guys) et atterrissent, fourbus et affamés, à Battery Park sur le coup de treize heures. Les C ont faim, ils se mettent en quête d'un restaurant, mais se trompent de rue, et remontent West Street, sorte d'énorme autoroute en ciment et verdure, jolie mais peu nourrissante. Ils tombent alors sur le site du World Trade Center, monument très impressionnant: deux sortes de cuves en pierre noire où se déverse de l'eau, qui tombe à son tour, au fond, dans une autre cuve noire dont on ne voit pas le fond.



Derrière le World Trade Center, il y a (enfin) de quoi manger. Papa C, considérant qu'au troisième jour de leur voyage il est déraisonnable de n'avoir toujours pas mangé de pizza, les entraîne dans une échoppe où l'on mange des pizzas à la part, soit dans la rue, soit dans une salle à l'étage. Il y a des pizzas pepperoni, viande pimentée, aubergine et épinard, champignon bacon, et des jus de fruits exotiques (les jus, pas les fruits).

L'après midi, les C visitent Wall Street, qui est courte et étroite (c'est d'un décevant!), mais entourée d'immeubles magnifique, avec au bout une jolie église. Puis passent sur le port de l'East River, où sont amarrés quelques vieux bateaux, dont un quatre mâts allemand, le Pékin. Cette partie des quais, aménagée, est très agréable, avec une jolie vue sur Brooklyn. Il est alors décidé d'aller sur le pont de Brooklyn, mais les C, longeant la rivière, en ratent l'entrée, se perdent au milieu des échangeurs et des driveways et, quand il la trouvent enfin, quelques centaines de mètres à l'intérieur des terres, sont trop fatigués pour envisager la traversée, reportée à des jours meilleurs.

Sur le chemin du métro, un Dunkin Donuts leur tend les bras, occasion inespérée d'éduquer maman C au milkshake vanille. Sous le regard médusé de la serveuse, papa C prend un thé glacé sans glace (il a mal à la gorge), sans sucre (il surveille sa ligne), sans citron (j'ai dit thé, pas limonade). Un vrai puritain ce papa C! Les petits C compensent avec des glaces aux Oreo.

De retour dans l'Upper West Side, maman C décide que ce soir, elle cuisinera. Une rapide expédition à la premium grocery qui vend du Brie de Paris (et des tomates à quatre dollars la livre, et de la sauce tomate à dix dollars le demi quart) la convainc de se rabattre sur l'épicerie d'en face, pour la plus grande joie de papa C, qui en ramène du beef jerky, du cheddar sharp, de la diet root beer, du beurre de cacahouète (Skippy, of all brands!) et des bières américaines en grandes canettes (ici tout est plus grand, donc la canette de 50cl en fait 71...)

Le soir, les C mangent en silence leurs pâtes à la sauce tomate. Ils sont épuisés. Demain, c'est promis, ils y vont mollo.

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