mardi 21 juillet 2015

Deuxième journée - A walk in the park

Il y eut un soir, il y eut un matin, un petit matin même, vu que vers cinq heures trente, quand l'horizon blanchissait à peine au dessus de Central Park, les C. se réveillèrent brutalement avec les compliments du décalage horaire. Ils prirent un rapide petit déjeuner, qui permit à papa C de tenter d'initier ses filles aux joies du cheddar mild, de la limonade américaine, et du black cherry soda (probablement le plus incroyable goût chimique jamais inventé), aux petites C de dévorer les Oreo demi-écrémés (si, si, ça se peut) et à maman C de découvrir le beurre cachère et le lait écrémé sans lactose achetés la veille.

Ce roboratif préliminaire expédié, les C tinrent conseil sur la nécessité présente. Maintenant qu'on y était à New York, où il y avait des tas de choses à faire, par quoi allait-on commencer? Central Park fut rapidement choisi, pour plusieurs raisons. D'abord, on savait comment y aller: il suffisait de traverser la rue. Ensuite, papa C voulait y écouter le soir même un concert en plein air. Enfin, vu la température et l'humidité de porc qui s'annonçaient, on pouvait espérer y avoir moins chaud qu'ailleurs.

Les C partirent vers sept heures, passèrent la porte des garçons (Boy's Gate, au coin de Central Park ouest et de la centième rue), et s'enfoncèrent vers le nord, dans des sous bois, très dangereux naguère (le nord de Central Park jouxte Harlem, et l'Upper West Side est le pays de West Side Story), mais où l'on ne croise plus aujourd'hui que des joggeurs et des jeunes cadres qui promènent leur chien. Les petites C firent là leur première grande découverte: les réverbères sont les mêmes que dans la belle et le clochard. Poursuivant vers l'est jusqu'à l'Harlem Meer, on visita, pour le plus grand bonheur de maman C, le Conservatory Garden, un jardin anglais très bien tenu. Papa C a déjà fait savoir qu'il aimerait bien, une dédicace sur un banc (son cinquantième anniversaire étant passé, et comme cela coûte assez cher, nos lecteurs feraient bien d'économiser pour le soixantième...)

Vers neuf heures trente, constatant qu'il ne faisait vraiment pas si frais que cela dans le parc, les C décidèrent d'aller se rafraîchir en visitant le musée d'histoire de la ville de New York. On y trouve, dans un hôtel particulier tout à fait kitsch, un mélange pas très cohérent de maisons de poupées, de bibelots des années 20, d'expositions sur la musique folk (avec des originaux de chansons de Dylan, et des photos de Woody Guthrie jouant dans le métro) et sur le style de vie hip hop (avec chaines en or, grosses voitures et billets de banque). Il y en avait pour tout les goûts, et surtout, il y faisait 17°, ce qui a plu aux C., enfin, sauf à papa C dont la gorge délicate supportait mal ces variations de températures. Vers onze heures trente, papa C toussait, maman C avait faim, les petites C en avaient assez, et on se mit en quête d'un restaurant que l'on trouva sur Madison avenue: une sorte de cantine grecque, qui servait des omelettes et des sandwiches.

L'après-midi fut semblable au matin, avec un nouveau tour dans le parc, une visite du musée d'histoire naturelle, et un dîner dans un restaurant vaguement branché de Columbus avenue (hamburgers bio pour les petites C, poisson au nom compliqué avec sauce sucrée salée pour papa C, demi poulet pour maman C, c'était New York, mais cela aurait pu être Londres, ou Paris, ou ailleurs).

Puis, les C (papa C surtout) sont allés écouter l'Orpheus Chamber Orchestra (une formation locale, dont papa C se souvient avoir acheté un disque dans les années 80), qui jouait en plein air. Comme ils sont arrivés en retard, ils ont raté les deux premiers mouvements d'une symphonie du dix-septième. Mais le reste du programme était très bien, avec Siegfried Idyll, et surtout la septième symphonie de Beethoven (dans une formation assez réduite). Il y avait beaucoup de monde, mais l'accoustique était très bonne.

Vers vingt deux heures, les C suivirent la foule jusqu'à Central Park West, y trouvèrent très vite un taxi providentiel, et s'effondrèrent, fiers du travail accompli.


Notes additionnelles au voyage des C: quelques mots à retenir

Joggers: la principale espèce qui peuple Central Park, loin devant les écureuils. A toute heure, en tous formats (gros, maigres, jeunes, vieux), invariablement équipé d'une sorte de brassard où l'on accroche son I-phone, et la plupart du temps d'un casque. Sur certaines allées, des feux ont même été installés pour permettre aux piétons de traverser sans les gêner (ils sont plus ou moins respectés).
Scooters : inexplicablement absents de la ville. On y trouve pas mal de voitures, quelques vélos (assez peu, en fait), de rares motos, mais presque aucun scooter.
Guys (ou you guys): "les gars" semble utilisé ici pour tout groupe, hommes ou femmes. Mais que font les féministes? Papa C prétend avoir entendu une seule fois le mot "ladies", adressé à ses femme et filles par un ouvrier qui déroulait un câble dans la rue "watch your step, ladies!" Il en conclut provisoirement que "guys" est le terme égalitaire et non genré amené à remplacer les trop polis "sir" ou "ladies".
Enjoy! explétif, employé dans les situations les plus diverses, du serveur vous tendant un café à l'eau (comme une menthe à l'eau, mais avec du café, et éventuellement servi chaud et sans glaçons), à l'employé de musée vous donnant vos tickets, en passant par à peu près toutes les annonces des haut parleurs à destination des touristes. L'Amérique est manifestement le pays des garçons joyeux.
It is not a problem : autre expression qui revient, à chaque fois qu'on demande une explication. Avoir un problème est manifestement quelque chose de dangereux, qu'on veut éviter à son interlocuteur.


1 commentaire: