jeudi 17 octobre 2019

Préambule : countdown

Quatre années ont passé. Les C, qui ne voyageaient jamais, sont allés trois fois en Amérique, Papa C travaille pour des Américains qui l'envoient régulièrement à New York, ce qui lui permet de réapprovisionner Château-C en produits de première nécessité: relish, yellow mustard, hoodies NYU et Doliprane par paquets de 200. Maman C a lu les 2 Roth (Philip et Henry), et regarde Desperate Housewives le samedi soir. Les petites C ponctuent leurs "en vrai", "en mode" et "genre" de "oh my God". Imperceptiblement, les C s'américanisent. Ils repartiraient bien, mais comme le tourisme est devenu écologiquement incorrect (how dare you!), une bonne excuse, scolaire, professionnelle ou familiale, est désormais nécessaire...

Elle est opportunément fournie par la grande C, l'aînée des filles de papa C.

J-200: "Papa, je suis prise à New York! Sursum corda!" Ainsi parle la grande C, un après midi d'Avril. Elle vient d'être embauchée comme professeur de latin par un lycée français de New York (et sa conversation s'en ressent).
"Ta zoa trekei, ma chérie!" répond papa C, dont les humanités sont un peu approximatives.

J-195: "Bon, donc on va à New York aux vacances de Toussaint, hein?" Les petites C ont la tête près du bonnet. "Et on fera la circle line qu'on a ratée la dernière fois". Maman C a des objectifs. "On verra" dit papa C, que ce genre de planification effraie toujours un peu.

C'est ainsi, chez les C, que se prennent les grandes résolution. La table de chevet de maman C se couvre de guides touristiques, un plan du métro avec des post-it indiquant les objectifs à atteindre, est accroché au mur de la grand-salle de château C. Papa C comprend vite que c'est tout vu.

J-45: - Bon, ce week end on réserve New York, annonce papa C au dîner.
- Les passeports sont toujours bons? demande la petite C
Papa et maman C pouffent, bien sûr qu'ils sont bons, on les a fait en 2015, on est en 2019, et... les passeports des petites C durent cinq ans, et... il faut six mois de validité au moment du départ, et... zut!

J-44: "Haut les coeurs!" dit maman C (qui n'a pas fait latin au collège), nous aurons les passeports dans trois semaines. Comme les précédents, ce second voyage des C à New York débutera dans l'urgence et l'impréparation coutumière.

J-12: "Les passeports sont arrivés!" annonce maman C. Il est convenu que papa C reviendra ce soir, pour réserver logement et avion. Sur le coup de minuit un logement à Brooklyn est trouvé, les C sont acceptés par le propriétaire, la réservation est faite, il ne reste plus qu'à prendre les billets d'avion. Ce que la banque de papa C refuse tout net.

J-11: Interrogé, le banquier de papa C s'explique. Hier, à minuit, papa C a payé presque en même temps une location à New York et un logiciel de mathématiques (tous deux fort chers). C'était louche. Alors, quand dix minutes plus tard, des billets d'avion ont été réservés, le vaillant banquier (ou plutôt, son "intelligence artificielle") n'a pas molli et a bloqué la carte de paiement de papa C. Tout rentrera dans l'ordre d'ici quelques heures, pense-t-il.

J-10: La carte refonctionne, les billets sont pris, le second voyage des C aura bien lieu.

J-5: "Pour les ESTA, c'est bon?" demande timidement maman C. Papa C pouffe. Bien sûr qu'ils sont bons, ils ont été faits il y a moins de 2 ans, lors de leur dernier voyage, et un ESTA est valable deux ans. Papa C vérifie, met à jour les destinations... et découvre avec horreur que comme les petites C ont changé de passeport, il faut leur refaire des ESTA. La procédure est rapide, les formulaires sont remplis, les 28 dollars payés, et... "pending", l'approbation est en attente.

J-4: L'ESTA  des petites C est "approved".

J-1: Les valises sont faites, les animaux domestiques confiés, on part demain matin, par le beau train de 9h36, pour Paris, puis Roissy, puis New York, puis Brooklyn. L'aînée des petites C fait une scène parce que papa C lui confisque son téléphone (vu que demain la journée sera longue). Tout va bien.

Il flotte sur château C un parfum d'aventure.


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