lundi 10 avril 2017

Neuvième jour - Sous le signe du Lamantin

Avant leur départ, les C, en bons touristes, ont acheté des guides. Ils n'ont bien évidemment pas tout lu, mais en ont retenu quelques endroits où ils voulaient aller, et d'autres qu'ils entendaient éviter. Pour la Floride, ils avaient banni Orlando (on veut voir des bêtes sauvages, pas des mickeys), les Keys (trop près de l'époque du spring break, et la viande saoule sur fond de techno, on a cela à la maison), le Panhandle (trop loin), et les grandes plages de la côte est (trop blondes, surfeurs et mojitos). Inversement, ils avaient retenu quelques inévitables : le Yorktown, les Okefenokee (pour Papa C), et les lamantins de Crystal River, à la demande unanime de maman C.

Crystal river est un petit port au nord de Tampa, qui présente le défaut de n'avoir pas de plage, et serait probablement resté un trou paumé sans ses lamantins. Comme aux Silver Spring, une rivière souterraine et transparente (qui donne son nom au pays) y sort de tyerre our se jeter dans la mer. L'eau est à température constate, ce qui fait que les lamantins qui remontent en hiver des caraïbes, et qui craignent l'eau froide (en dessous d'une certaine température, ils stressent, cessent de se nourrir, et meurent), y cherchent refuge. Comme ils y sont protégés, certains y restent toute l'année, et l'activité touristique tourne autour de la pêche, et des tour d'observation de lamantins.

Comme les C ont déjà fait pas mal de croisières, il est décidé de tenter de voir les grosses bêtes depuis la terre. Un parc d'état, à quelques kilomètres de leur hôtel a des pistes qui longent l'estuaire de la rivière de cristal. L'endroit est très beau, et désert de bon matin. Comme la veille, le paysage est un étonnant mélange de marais, de



Au bord de la rivière, ou aperçoit, pas très loin du bord, des ronds, qui se déplacent, comme un gros animal qui nagerait juste sous la surface. Les C l'accompagnent. Un peu plus loin, une des petites C voit un muffle gris, puis le discret animal disparait.

Ravis de cette première rencontre, les C se rendent au refuge naturel d'Homosassa Springs. Le guide de maman C le présente comme un refuge pour lamantins blessés, et l'on voit effectivement trois, qui évoluent dans la source naturelle qui se trouve dans le parc. Un observatoire sous marin permet de les voir évoluer.



Mais au delà des lamantins, l'endroit est passionnant. C'était au départ un zoo privé, pas spécialement consacré aux lamantins. Dans les années 60, il hébergeait les animaux d'Ivan Tors, le producteur de Flipper, Daktari ou mon Oncle Ben. Dans les années 70, l'Etat de Floride le racheta pour en faire une réserve naturelle, et se mit donc à expédier les pensionnaires "non natifs" (lions, singes et autres) vers des zoos, pour y installer des lamantins, pélicans, etc. Cette préférence nationale zoologique buta sur un pensionnaire particulier: l'hippopotame Lu, chouchou du public. Son expulsion provoqua une telle levée de boucliers que le gouverneur (dont la réélection approchait) le nomma "citoyen honoraire de Floride", ce qui lui permit ainsi de rester.



Le reste du parc est un grand zoo qui accueille des animaux locaux, mais qui ne pourraient pas vivre dans la nature : pélicans handicapés, lamantins blessés, aigles estropiés. On y voit aussi, comme partout, des alligators et des vautours noirs (les pigeons locaux).



Cette maison de retraite pour animaux héberge à l'année longue trois lamantins, qui ne survivraient pas seuls. Un quatrième, trouvé récemment en train de se laisser mourir dans l'eau froide, est en train de se remettre. Mais en hiver, le refuge ouvre ses portes à tous les lamantins de la baie (les pensionnaires attitrés sont alors déplacés dans un autre bassin), qui viennent y passer les jours les plus froids. Il peut alors y en avoir plusieurs centaines.

Les C sortent ravis de cette visite. Comme elle a duré plus que prévu, l'arrêt suivant, à Weeki Wachee est annulé. Il s'agit d'un spectacle sous marin de sirènes (femmes costumées évoluant sous l'eau), l'une des plus vieilles attractions de Floride (fondée en 1946) l'une des plus kitsch aussi. Papa C se promet qu'on reviendra (personne ne sait d'où lui vient cet intérêt pour les sirènes...)

Il faut repartir, les C sont attendus à Tampa ce soir. Adieu sirènes, crochet vers la plage, les C roulent, et arrivent assez tard dans un bel hôtel, affreusement situé entre deux bretelles d'autoroute, au milieu d'un quartier glauquissime. C'est la première fois depuis le début du voyage que les C ne se sentent pas à l'aise. Interrogé par papa C, le garçon de l'hôtel leur explique que le restaurant le plus près est à plusieurs miles, et comme maman C n'a pas du tout envie de tourner, de nuis, dans cette sinistre banlieue, l'hôtel étant assez difficile à trouver, les C commandent une pizza un peu huileuse, qu'ils mangent dans leur chambre. Demain est un autre jour.

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