dimanche 2 avril 2017

Premier jour - le pays où l'on n'arrive jamais

Ce matin, les C. se sont levés de bonne heure. A cinq heures, la jeunesse de Chateau-C était plongée dans la perplexité. Depuis quelques semaines, une opération de désinformation était à l'œuvre, papa et maman C avaient laissé entendre qu'on irait au zoo de Beauval, voire au Futuroscope, peut être même un peu plus loin. Mais la veille au soir, le nombre des bagages préparés paraissait incompatible avcc une expédition dans le Loiret ou une descente en Poitou profond.

A six heures, la tension monte d'un cran avec l'arrivée de Mamie V, qui vient dire au revoir, puis emmène tout le monde (et les bagages) à la gare. Il se passe quelque chose, c'est certain! Les idées les plus folles parcourent les esprits : on part en Corse, à Londres, papa C explique qu'on va dans le Pas de Calais, retrouver le lieu de sa naissance, mais cette explication ne semble convaincre personne. Mais où va-t-on, se demandent les petites C en attendant le train?



Comme on est dimanche matin, trains et métros sont presque vides. Poussant leurs valises, les C arrivent à Roissy et vont se poster devant un comptoir American Airlines, le beau vol 49 pour Dallas. Les petites C sont trop estomaquées pour parler (papa C se dit qu'on devrait refaire cela plus souvent). La suite est banale, on fait la queue, enregistre, fait la queue, passe la sécurité, attend, fait la queue, et embarque enfin dans un bel avion brillant.



Par rapport à la fois précédente, le voyage est plus long et plus frugal, car les C sont en classe économique, ce qui permet de mieux apprécier, pendant les dix heures et demie du vol, les odeurs corporelles et la forme des genoux de ses voisins de siège. Maman C et les petites C sont côte à côte, Papa C isolé un peu plus loin, à côté de Rick, ancien militaire, born again christian, de retour d'un voyage humanitaire en Israel, avec qui il conversera longuement de Jésus, et de la Divine Providence qui a rendu leur rencontre possible au dessus de l'Atlantique. Comme nous sommes dans une compagnie américaine où le vin est servi en bouteilles plastique d'un litre et demie façon Evian et dans de grands verres, et où tout le monde est invariablement gentil (même si légèrement surdimensionné), Papa C est tout à fait réceptif à cet entretien-prêche-confession.

Le vol s'éternise, même les petites C sont fatiguées de regarder des films, quand le pilote, qui s'ennuie probablement aussi, annonce la traditionnelle "zone de turbulence", qui l'oblige à se détourner vers l'ouest et, plus grave, à écourter la collation prévue avant l'atterrissage (une sorte d'hybride pizza-sandwich-roulé, accompagnée d'un 'gâteau éponge' tout à fait bien nommé).

Les turbulences sont à l'image du pays que l'on survole: surdimensionnées, Maman C apprécie encore moins l'avion que d'habitude, et papa C sent qu'il va se faire gronder quand on arrivera à Dallas. Heureusement, cela ne dure pas longtemps, et une heure plus tard, les C, fourbus, arrivent au Texas. Il est quatre heures locales, et donc onze heures du soir parisiennes. Ils sont debout depuis 18 heures. Une fois passés l'immigration, le carrousel des bagages, et le douanier aux questions faussement naïves, les C... réenregistrent leurs valises, traversent de longs couloirs, repassent la sécurité, avec un peu de peine, car la policière a du mal avec les prénoms, et le fait que le nom de jeune fille de maman C soit écrit sur son passeport avant son nom de femme mariée, alors que c'est l'inverse sur sa carte d'embarquement (ah ben zut alors!). Ils arrivent enfin dans une nouvelle salle d'embarquement, heureusement pourvue de tout le confort moderne.



Il est six heures et demie locales (une heure et demie du matin) quand les C redécollent pour leur destination finale, Charleston. Le vol dure deux heures trente, dont nos héros fourbus gardent un souvenir imprécis. Ils récupèrent leurs valises au radar, trouvent un taxi qui leur fera payer cher une petite course, et arrivent enfin dans un hôtel où, après une dernière péripétie (les C ont réservé pour deux jours, mais l'hôtel les connait un jour sous leur nom, l'autre sous le prénom de papa C...) arrivent à leur chambre, et s'effondrent, après une journée de vingt quatre heures.

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