vendredi 14 avril 2017

Treizième jour - Où l'on ne voit pas Miami

Les C sont à Miami, but de ce voyage, ils repartent ce soir. En bons touristes, ils devraient profiter de cette dernière journée, aller à la plage, visiter, faire des choses extraordinaires, pour pouvoir parler de ce petit restaurant dégotté le tout dernier jour, de cette boutique visitée juste avant de partir. Et puis, aller en Floride sans voir Miami, hein?

Mais ce matin, les héros sont fatigués. Hier soir, le dos de papa C s'est couvert de grosses cloques peu ragoutantes, les petites C ont des courses à faire, maman C veut avoir le temps de ranger les valises. Aussi, après un réveil un peu tardif, et un petit déjeuner pris lentement, il est décidé qu'on ne verra de Miami que l'aéroport, qu'on gardera la visite de la ville de la plage et du reste pour une autre fois, et que de toutes façons, si on a tenu jusque là sans voir Miami, on peut bien attendre encore quelques années.

Cette nuit, papa C qui n'arrivait pas à dormir à cause de ses coups de soleil, a consulté sur internet la rubrique à leur sujet. Comme toujours dans ce cas, il a repéré les signes manifestes de plusieurs maladies incurables, a refermé l'ordinateur, et s'est dit qu'il irait ce matin consulter à la pharmacie la plus proche. Il se dit que, vu le climat, les pharmaciens de Miami doivent s'y connaître en coups de soleils. A la pharmacie, une dame en blouse blanche lui explique (avec un accent espagnol à couper au couteau) qu'elle compatit à ses souffrances, et qu'il n'y a pas grand chose d'autre à faire qu'attendre. Elle lui vend deux crèmes au cas où. Rassuré sur son futur proche, papa C rentre à l'hôtel où maman et les petites C ont le nez dans les valises. L'opération rangement est plus rapide que prévu. Tout ce qui sent (linge sale et coquillages de Sanibel) va dans une valise. Tout ce qui est lourd (guides touristiques, cartes, livres) dans une autre, plus petite, et le reste est plus ou moins équitablement réparti entre les deux dernières. Vers onze heures, les C sont prêts, comme ils ont décidé de ne pas aller flâner en ville (la veille, en venant, le centre leur a semblé très bouché) ils se mettent en quête d'un Walmart, pour y faire des courses. Pendant que les petites C s'approvisionnent en bonbons, papa C prend des grits, et du mélange à cornbread. Religieusement, ils achètent un nouveau bidon de sirop d'érable, de l'amber grade A du Vermont (c'était, ne l'oublions pas, l'objet de leur voyage), et diverses babioles qui décoreront château-C.

Sur le coup de midi, on remonte en voiture. Pour la dernière fois, papa C prend sa carte, direction l'aéroport. A quelques kilomètres un panneau indique "rental car return", les C suivent plusieurs bretelles d'autoroutes, et arrivent à un parking de quatre étages, où tous les loueurs sont concentrés. Avis est au troisième. C'est assez industriel, des employés en gilet réfléchissant les guides sur une voie, pendant qu'ils vident la voiture, quelqu'un la contrôle, note le kilométrage et la jauge et tend à papa C un reçu. Un ascenseur les conduit à une navette automatique, qui les emmene à l'aéroport. Ils y sont vers une heure, cinq heures avant le décollage. Papa C aime à dire qu'il est souvent en avance aux gares et aéroports, mais là, cela tient du record...

Comme les C voyagent sur American Airlines, l'Air France local, ils peuvent enregistrer leurs bagages dès maintenant. Après quelques échanges de dernières minutes, les quatre valises sont en dessous des cinquante livres réglementaires (papa C comprend alors l'origine des 23 kilos de bagages autorisés). Les C passent la sécurité, ce qui vaut à papa C un sympathique palpage par une douanier moustachu, et se retrouvent dans le terminal D, une allée de deux kilomètres de long, pleine de boutiques et de restaurant. Comme ils ne verront pas Little Havana, ils vont déjeuner dans un restaurant cubain, serveurs moustachus et gominés, porc grillé, bananes plantain et soupe de haricots noirs, puis vont chasser le souvenir dans les boutiques de l'aéroport.

Vers cinq heures, ils rejoignent la porte d'embarquement, qu'ils trouvent vide: l'avion d'origine a été remplacé par un plus gros, l'embarquement est retardé d'une heure et a changé de lieu. Un kilomètre plus loin, ils arrivent devant la porte, où attend une meute de français. La clientèle de Miami est assez balnéaire (la région est surtout connue pour ses plages), et les C font donc un peu tâche au milieu de ces gens bien habillés et bronzés. Comme tous les sièges sont pris, ils vont se cacher à la porte voisine, départ pour Panama city. Vers 19h locales, l'embarquement a lieu, dans une cohue bien française. L'avion est effectivement plein, papa C bénit ses petites jambes. Quelques heures plus tard, l'avion roule, décolle, on aperçoit au loin la ville, puis la côte, puis la mer, un dîner est servi, les C on quitté l'Amérique.

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